Page:Dablon - Le Verger, 1943.djvu/140

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tance du froid. Jacques, ulcéré, frissonne et rêve noir. Oui, ce cauchemar… Jacques a oublié son père, depuis deux heures. Il n’est pas possible que tout soit fini.

Au mariage de Monique, Monsieur Richard se raidissait contre le mal. Que s’était-il passé depuis ? Jacques se remémorait les lettres de sa mère. Après sa visite au médecin, Monsieur Richard n’avait pas prélevé une heure sur son travail ; il ne s’était pas cru de droit à cette fantaisie ; Monsieur Richard n’avait jamais toléré de blancs sur son agenda, et la fermeté de sa démarche frappait les oreilles de Jacques comme un gage de pérennité. Pourquoi le Père Vincent avait-il déguisé la vérité ? Avait-il reçu des instructions ? Il fallait que ce fût grave pour qu’on les expédiât de la sorte par le premier train. Si Jacques pleurait, il croirait peut-être à son malheur ; mais il ne veut pas pleurer. Il n’est pas possible que tout soit fini, non.

Jacques se bute dans un coin, comme autrefois quand Guy le priait d’aller acheter des cigarettes chez le marchand de tabac, et il entend la voix lointaine de sa mère : « Mon Dieu ! que cet enfant est têtu ! »