Page:Dablon - Le Verger, 1943.djvu/149

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C’était cela la mort. Peut-être que ce n’était pas cela ; lui, en tout cas, la voyait ainsi. On ne réparait pas le mal dont on s’était rendu coupable, on en obtenait le pardon ; on ne pouvait pas faire que ce qu’on avait fait ne fût pas. La prière qu’il offrirait pour son père était déjà une dette et elle n’acquitterait pas les dettes contractées auparavant. Tout comme avec André. Il se l’était dit dans le train, en bordant le lit du gamin. « Mon drôle, tu multiplies les gestes maternels. Tu n’effaceras pas ta lâcheté de ce soir ; tu te souviendras d’avoir ravagé le visage du petit ». Mais alors s’il en était ainsi, ne devait-on pas dans la vie chercher une orientation qui évitât les remords stériles ? Se mettre le plus possible dans l’occasion prochaine de n’accomplir que le bien, telle pourrait être, à la rigueur, la formule d’une vie féconde. Et pour ce qui était de son cas à lui, Jacques Richard, perpétuer le souvenir de son père. Faire comme au Verger, quand on ratissait les allées et que l’on ramassait les feuilles mortes, vers cinq heures, avant l’arrivée du maître ; on lisait le contentement dans les yeux de Monsieur Richard. Ce dessein doit être bon, car Jacques en reçoit une consolation qu’il croit indigne de son chagrin.



Les agenouillements hâtifs des visiteurs, le faste des funérailles, le défilé grotesque des entrepreneurs et des landeaux chargés de couronnes funéraires, les cloches qui font mal, l’entrée par la porte centrale des amis qui s’esquivent par les portes latérales, après avoir donné leurs noms aux nouvellistes, le déchaîne-