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Chapitre V

PROMENADES VERS LA SAULAIE


Depuis le feu de la Saint-Jean, Jacques pratiquait des promenades solitaires, sans but avoué. Il embouquait des sentiers feutrés de feuilles mortes et piquetés, dans les bouts soleilleux, d’oxalides veinées de pourpre. Fredonner lui révélait une fêlure dans son exaltation. Le happement du silence par une automobile qui dévorait la montée, le craquètement du gravier sous le retombé d’un sabot, annonçaient à Jacques la proximité de la route qu’il cherchait. Jacques entrevoyait par une échappée de la vue, sous les cumulus assoupis dans la verdure des ormes, les dévalements ombrés de Beaumont et le fleuve qui respirait au rythme de la mer. Il feignait de s’intéresser à ces horizons lointains.

Le grand chemin jusque-là étale descendait vers Beaulieu par deux pentes sereines entre le cèdre et l’aubépine, et des seringas de loin en loin embaumaient, de toutes leurs fleurs, un parfum qui troublait le jeune homme. Au bout d’une allée entre les saules, la villa des Beauchesne brillait de son badigeon neuf,