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LE VERGER

à l’observation minutieuse de Madame Beauchesne et des jeunes filles, Jacques voudrait se terrer au plus profond du boqueteau.

— Papa, c’est Jacques Richard. Vous souvenez-vous ?

— Le garçon qui se querellait avec Estelle, rue Charlevoix ? Sais-tu que tu ressembles à ton père ? N’est-ce pas, Florida ?

Il tendait une main avenante. Sa grosse voix qui ne faisait peur à personne étouffait la stridulation des sauterelles.

— Il ressemble beaucoup plus à sa mère.

— Pourquoi n’es-tu pas venu nous voir plus tôt ? Il faut revenir souvent, n’est-ce pas Florida ?



Le lendemain, Jacques mena les jeunes filles au terrain de golf ; le long des perchis, le pinson à couronne rousse leur tint compagnie d’un pieu à l’autre. Ils s’assirent sur un banc rustique, au numéro quatre ; aucune brusquerie dans les pelouses emportées, comme une rivière, entre des rives boisées, et contenues au bord du plateau par un barrage de pins blancs. La route de Lauzon, que signalent entre les granges chaulées les haies des ormes et des peupliers, rayait de son écharpe ombreuse les rectangles vert tendre des avénières ; des pannes de nuages s’immobilisaient au ras de l’horizon comme des pommiers en fleurs.

Estelle disait à Louise :

— Cette côte me rappelle l’été que nous avons passé à Neuville.