— Et vous, Monsieur Legendre, avez-vous déjà tâté d’une omelette baveuse ?
— Je dois avouer que je ne réussis pas cette omelette-là.
— Il n’y a personne comme Noël pour mijoter une omelette baveuse, papa. Il faudra lui passer le tablier demain matin avant de partir pour la Cascatelle. Savez-vous que Jacques songe à nous quitter ?
— Qu’est-ce qui vous presse, Jacques ? s’enquit Madame Legendre.
Et Noël qui ne redoute jamais un mot de trop :
— Sans doute un récital à la Saulaie.
Mimi était mécontente.
— Je ne sais pas ce que vous leur trouvez de drôle à ces petites Beauchesne, à Louise surtout.
— Mais je ne lui trouve rien de « drôle », Mimi, murmurait Jacques dans un sourire ironique.
— Elles n’ont rien de bien excitant.
— Rien d’excitant, reprit Maurice en écho.
— Alors qu’avez-vous à vous extasier comme des dévots devant elle ? Vous devez être terriblement jaloux l’un de l’autre, dites ?
Jacques répondit en pesant les syllabes :
— Louise est une femme, Mimi.
Et Maurice, impertinent :
— Une vraie femme. Évidemment, poursuivait-il en dégustant son thé, cela ne s’apprend pas dans les magazines.
— Maurice ! supplia Madame Legendre.
La querelle vieille de toujours montrait de nouveau ses ongles pointus.
Maurice se tut mais Noël revint à la charge :