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Les races qui habitent le Dahomey sont nombreuses et variées. Sur toute la côte, on rencontre une race de travailleurs célèbres par leur force et leur endurance, les hommes du pays de Krou ou Kroumen. Ce sont eux qu’on embauche la plupart du temps comme porteurs ou pour les grands travaux. Leur activité docile et inlassable nous fut précieuse lors de la construction du Warf de Cotonou, destiné à annuler les effets de la barre qui règne tout le long de la côte.

Les rois er chefs du Dahomey ont d’autre part toujours recruté leurs guerriers parmi les haoussas dahoméens, réputés pour leur bravoure, voire même pour leur adresse au tir. Beaucoup d’officiers africains leur préfèrent les tirailleurs sénégalais, mais il n’en reste pas moins vrai que les tirailleurs haoussas nous ont été d’un réel secours dans la constitution de nos colonnes contre Behanzin. C’est à eux que les missions formées après la campagne firent encore appel et c’est à eux aussi que fut confiée la garde des postes militaires disséminés dans tout l’hinterland du Dahomey. Lors de la récente campagne de Madagascar, alors que le 200 régiment de lignc, improvisé avec des volontaires français, était décimé par la fièvre sur la route de Majunga, les tirailleurs haoussas fournirent au général Voyron les meilleurs éléments de sa colonne volante. Ce sont à des succès et des preuves de véritable dévouement qu’on ne saurait oublier.

A part ces deux races on trouve encore des Peulhs, des Nagos, des Toucouleurs et tout à fait au Nord-Est, sur les rives du Niger, les dernières tribus touaregs.

La grande richesse du pays est l’admirable forêt de palmiers qui s’étend sur de vastes régions dans tout le bas-Dahomey. L’huile de palme est l’objet d’un trafic considérable. En raison même de cette richesse, le pays est extrêmement peuplé. On ne fait pas un kilomètre, disent les rapports officiels, sans rencontrer un village. Plus on s’avance vers le Nord plus les palmiers deviennent rares. Ils font enfin place à une brousse géante, puis à la zone de plaine dénudée et soudanienne. C’est donc la partie sud où règne la chaleur humide qui est susceptible de donner des produits riches tels que : noix de kola, cacao, ignames, manioc, caoutchouc. Les indigènes cultivent pour leur nourriture les légumes de nos pays, le mil et le maïs dont ils font une grande consommation. C’est également au Dahomey qu’on rencontre le karité, cet arbre curieux, connu sous le nom d’arbre à beurre et dont le fruit donne une amande très riche en graisse.

En résumé, il n’est déjà plus douteux pour personne que le Dahomey est d’une grande richesse agricole. Cette circonstance a permis au commerce de s’y développer concurremment et les besoins des noirs se sont accrus, à notre contact, dans de grandes proportions. On a souvent reproché aux commerçants européens de faire surtout porter leurs importations sur les boissons et alcools de tout genre. Cette imputation n’était