Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/497

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une inondation de neuf années, le roi Ha-ou-si ne cessa de parcourir le pays, et de l’aire de nombreuses tentatives pour sauver son peuple, et, par trois lois, venant à passer vis-à-vis de la porte de son palais, il refusa d’y entrer. Niera-t-on que cette conduite fut admirable ? Aussi ce roi, qui, après tout, n’avait en vue que le salut matériel de ses sujets, est-il resté célèbre dans tous les âges. Notre Seigneur Jésus-Christ a souffert et il est mort, lui, pour sauver les âmes de tous les hommes de toutes les parties de l’univers. Mériterait-il le nom d’homme celui qui ne servirait pas un tel bienfaiteur ? Donc, vous aussi, gouverneur, vous devez remercier et adorer Jésus, et embrasser sa religion. » Le gouverneur confus, outré de colère, commanda de lui imposer silence en lui brisant la mâchoire, et fit redoubler les tortures.

Alexis, fidèle dans la confession de son Dieu, fut condamné à mort, signa sa sentence, et revint en prison attendre tranquillement le jour du supplice. Ne pouvant pas, comme les autres prisonniers, faire des souliers de paille, il fut bientôt sans ressources, et comme il n’avait rien à donner à la femme qui apportait la nourriture, celle-ci lui en fit des reproches, et le laissa manquer de tout. Affaibli par les supplices et dévoré par la faim, il mourut dans la prison, environ deux mois après son arrivée à Tai-kou, à la cinquième ou sixième lune de cette année 1815. Il avait trente-quatre ans. Son infirmité, son adresse, ses talents, son courage à défendre l’Évangile devant les juges, et surtout son état de virginité l’ont rendu cher aux chrétiens de ce pays, et ils citent encore son nom, comme une des gloires de leur Église.

Les deux frères Joseph Ko Ie-pin-i, et Pierre Ko Sieng-ir-i, étaient du village de Piel-am, district de Tek-san. Instruits de la religion par leurs parents, ils la pratiquèrent dès l’enfance ; mais Pierre avait le caractère assez violent, et tout le monde le craignait, tandis que son frère était généralement aimé pour son bon naturel. Tous deux, au reste, se faisaient également remarquer par une piété filiale peu commune, et pendant huit mois que dura la maladie de leur père, tous les jours ils priaient pour lui avec beaucoup de ferveur. Leur bonne harmonie, leur assiduité à la lecture et à l’exhortation, édifiaient tous les chrétiens. Pierre Ko, arrêté une première fois en 1801 à Tsie-kouri-kol, au district de Ko-san, et conduit à Tsien-siou, après avoir d’abord confessé courageusement sa foi, succomba à la tentation de se conserver la vie, apostasia et fut mis en liberté. Depuis il regrettait vivement sa faute et répétait souvent : « Il me faut un coup de sabre pour faire pénitence de cet énorme crime. » Dans la suite, il émigra