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avec son frère à Morai-san, où ils furent pris tous les deux le jour de Pâques, comme nous l’avons rapporté. Inébranlables dans les supplices, ils furent envoyés ensemble à Tai-kou, et méritèrent par leur constance d’être condamnés à mort pour Jésus-Christ.

Agathe-Madeleine Kim, belle-sœur de Paul Pak dont nous avons parlé, était née à Eun-tsai, district de Siang-tsiou, province de Kieng-siang. Après sa conversion, elle se réfugia à Morai-san, où elle fut arrêtée en compagnie des autres chrétiens, et subit, à plusieurs reprises, avec un courage remarquable, les interrogatoires et les tortures. « Ignorante que tu es, lui disait le mandarin, pourquoi veux-tu donc mourir ? — Il n’est personne, répondit-elle, si vil et si ignorant qu’il soit, qui puisse méconnaître les bienfaits du Dieu créateur, et oser le renier. » Sa constance ne s’étant point démentie, elle fut transférée au tribunal de Tai-kou, avec les autres confesseurs.

En résumé, parmi les chrétiens saisis à Morai-san le jour de Pâques, et conduits au tribunal de Kieng-tsiou, si beaucoup nous ont affligés par leur faiblesse, nous avons eu la consolation devoir un certain nombre de fidèles serviteurs de Jésus-Christ. Plusieurs ont déjà terminé leur carrière de souffrance, et il n’en reste à Tai-kou que quatre, tous condamnés à mort, mais ne sachant à quel moment on exécutera leur sentence. De nouveaux compagnons vont leur être adjoints.


On n’a pas oublié que peu de jours après la capture des néophytes de Morai-san, ceux de Me-rou-san avaient été arrêtés à leur tour, et traînés devant le mandarin d’An-tong. Leur histoire offre un spectacle analogue. À côté de nombreuses et déplorables apostasies, nous rencontrons également de courageux confesseurs, dont la constance semble rehaussée par la chute de leurs frères.

C’est d’abord Kim Mieng-siouk-i, natif du district de Hong-tsiou, converti dès avant 1801. Sa pauvreté l’avait forcé alors d’émigrer au district de Ien-pong, près des chrétiens ; mais ceux-ci ayant été pris et conduits à la capitale pendant la grande persécution, Mieng-siouk-i s’enfuit au district de Tsin-po. C’est là qu’il vivait en 1815. Sa femme était morte depuis longtemps, et il n’avait avec lui que son fils Tsiang-pok-i, âgé de dix-neuf ans, non encore marié, et une fille à peine parvenue à l’âge nubile. Pleins de ferveur, le père et le fils se plaisaient à faire beaucoup d’aumônes, et à pratiquer toutes sortes de bonnes œuvres. À l’arrivée des satellites, les trois membres de cette famille furent trouvés ensemble et conduits à An-fong. Peu après, la jeune fille fut ravie par un