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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/140

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quelques chrétiens qui sont véritablement de race noble prennent la chose plus au sérieux. Ils font entendre des plaintes amères sur un abus qui est à leurs yeux un crime énorme. Ils m’accusent d’une tolérance coupable envers ces roturiers qui osent les traiter d’égal à égal, et j’ai quelquefois peine à les calmer. »

Entre la noblesse et le peuple proprement dit, se trouve la classe moyenne, qui n’existe réellement qu’à la capitale. Elle se compose des familles qui depuis plusieurs générations remplissent auprès du gouvernement certaines fonctions spéciales, telles que celles d’interprètes, d’astronomes, de médecins, etc… Nous en avons parlé plus haut.

Au-dessous de la classe moyenne vient le peuple, qui n’a absolument aucune influence politique. Légalement, un homme du peuple peut concourir aux examens publics pour les emplois civils et militaires ; mais en fait, quelque titre qu’il obtienne, même de licencié ou de docteur, il ne recevra jamais du gouvernement que des fonctions insignifiantes. Pour se défendre contre les exactions, les cruautés et l’arbitraire des nobles, les gens des diverses classes de métiers se sont unis entre eux, et ont formé des associations qui, à la longue, sont devenues assez puissantes, à la capitale surtout, et dans les grandes villes. Quelques-unes de ces corporations, telles que : les faiseurs de cercueils, les couvreurs, les maçons, les porte-faix, etc… possèdent, soit par droit écrit, soit par prescription, le monopole de leur industrie. Elles payent régulièrement au trésor royal une contribution déterminée, afin d’empêcher tout autre que leurs membres d’exercer tel ou tel métier. D’autres sociétés n’ont pas de monopole ; le but unique de leurs membres est de se protéger réciproquement, et de se faciliter les moyens de travail. Ces dernières reçoivent dans leur sein quiconque se présente, ouvrier ou non, pourvu qu’il paye sa cotisation, et se soumette aux règles communes.

Cet esprit d’association, si naturel et si nécessaire dans un pays où il n’y a guère d’autre loi que celle du plus riche ou du plus fort, est très-répandu parmi les Coréens, depuis les familles princières jusqu’aux derniers esclaves. Nous l’avons signalé dans les divers partis politiques qui divisent l’aristocratie, dans la classe moyenne, parmi les prétoriens et satellites des tribunaux. Nous le retrouvons dans toutes les classes du peuple. Chaque village forme une petite république, et possède une caisse commune à laquelle toutes les familles sans exception doivent contribuer. Cet argent est placé en fonds de terre ou à intérêt, et les revenus servent à payer les suppléments d’impôts, les objets d’utilité