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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/238

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Chinois à la stricte observation des décrets du Saint-Siège concernant les rites. — Les relations coréennes disent aussi que Seng-houn-i vit à Péking l’Européen Sak Tek-t’so, âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, encore plein de santé et d’un extérieur très-affable, et un jeune homme nommé Niang. Dans les quatre églises de la ville se trouvaient environ soixante personnes. Seng-houn-i se mit avec zèle à étudier la doctrine chrétienne, et fut bientôt en état de recevoir le baptême. Ce sacrement lui fut conféré avant son départ, et comme on espérait qu’il serait la première pierre de l’Église coréenne, on lui donna le nom de Pierre. Voici comment M. de Ventavon, missionnaire à Péking, écrivant en date du 20 novembre 1784, annonçait à ses amis d’Europe cet heureux événement :

« Vous apprendrez sans doute avec consolation la conversion d’une personne dont Dieu se servira peut-être pour éclairer des lumières de l’Évangile, un royaume où l’on ne sache pas qu’aucun missionnaire ait jamais pénétré ; c’est la Corée, presqu’île située à l’Orient de la Chine. Le roi de cette contrée envoie tous les ans des ambassadeurs à l’empereur de la Chine dont il se regarde comme vassal. Il n’y perd rien ; car s’il fait des présents considérables à l’empereur, l’empereur lui en fait de plus considérables encore. Ces ambassadeurs coréens vinrent, sur la fin de l’année dernière, eux et leur suite, visiter notre église ; nous leur donnâmes des livres de religion. Le fils d’un de ces deux seigneurs, âgé de vingt-sept ans et très-bon lettré, les lut avec empressement ; il y vit la vérité, et, la grâce agissant sur son cœur, il résolut d’embrasser la religion après s’en être instruit à fond. Avant de l’admettre au baptême, nous lui fîmes plusieurs questions, auxquelles il satisfit parfaitement. Nous lui demandâmes, entre autres choses, ce qu’il était résolu de faire, dans le cas où le roi désapprouverait sa démarche, et voudrait le forcer à renoncer à la foi ; il répondit, sans hésiter, qu’il souffrirait tous les tourments et la mort plutôt que d’abandonner une religion dont il avait clairement connu la vérité. Nous ne manquâmes pas de l’avertir que la pureté de la loi évangélique ne souffrait point la pluralité des femmes. Il répliqua : je n’ai que mon épouse légitime et je n’en aurai jamais d’autres. Enfin, avant son départ pour retourner en Corée, du consentement de son père, il fut admis au baptême que M. de Grammont lui administra, lui donnant le nom de Pierre ; son nom de famille est Ly[1]. On le

  1. Ly est la prononciation chinoise du mot coréen Ni.