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dit allié de la maison royale. Il déclara qu’à son retour il voulait renoncer aux grandeurs humaines, et se retirer, avec sa famille, dans une campagne pour vaquer uniquement à son salut. Il nous promit de nous donner chaque année de ses nouvelles. Les ambassadeurs promirent aussi de proposer à leur souverain d’appeler des Européens dans ses États. De Péking jusqu’à la capitale de Corée, le chemin par terre est d’environ trois mois.

« Au reste, nous ne pouvons nous entretenir que par écrit avec les Coréens, Leurs caractères et les caractères chinois sont les mêmes, quant à la figure et à la signification ; s’il y a quelque différence, elle est légère ; mais leur prononciation est tout à fait différente. Les Coréens mettaient par écrit ce qu’ils voulaient dire : en voyant les caractères, nous en comprenions le sens, et ils comprenaient aussi tout de suite le sens de ceux que nous leur écrivions en réponse[1]… »

Au printemps de l’année kap-tsin (1784), Pierre Seng-houn-i rentra dans la capitale de la Corée, apportant des livres en grand nombre, des croix, des images et quelques objets curieux qui lui avaient été donnés à Péking. Il n’eut rien de plus pressé que d’envoyer à Piek-i une partie de son trésor. Celui-ci comptait les jours et attendait avec la plus vive impatience le retour de l’ambassade. Dès qu’il eut reçu les livres envoyés par son ami, il loua une maison retirée, et s’y enferma pour s’appliquer entièrement à la lecture et à la méditation. Il avait maintenant, entre les mains, des preuves plus nombreuses de la vérité de la religion, des réfutations plus complètes des cultes superstitieux de la Chine et de la Corée, des explications des sept sacrements, des catéchismes, le commentaire des évangiles, la vie des saints pour chaque jour, et des livres de prières. Avec cela, il pouvait voir à peu près ce qu’est la religion, dans son ensemble et dans ses détails. Aussi à mesure qu’il lisait, sentait-il une vie nouvelle pénétrer dans son âme. Sa foi en Jésus-Christ grandissait, et avec sa foi grandissait également le désir de faire connaître le don de Dieu à ses compatriotes. Après un certain temps d’études, sortant de sa retraite, il alla trouver Seng-houn-i et les deux frères Tieng, Iak-tsien et Iak-iong : « C’est vraiment une magnifique doctrine, leur dit-il, c’est la voie véritable. Le grand Dieu du ciel a pitié des millions d’hommes de notre pays, et il veut que nous les fassions participer aux

  1. Nouvelles lettres édifiantes. — Paris, 1818. — T. II, p. 20.