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avec un défenseur de la lumière évangélique. Mais celui-ci, appuyé sur la vérité, demeurait inébranlable, tandis que l’autre, malgré sa souplesse, était renversé et ne se relevait que pour retomber encore. La foi chrétienne triomphait sur ce théâtre éminent. Elle faisait la conquête d’un grand nombre d’âmes droites et sincères, et fortifiait son empire dans les cœurs des néophytes. Une journée ne suffit pas néanmoins pour faire rendre les armes à l’adversaire de Piek-i. Les discussions furent reprises pendant trois jours ; mais elles n’eurent pour résultat que de montrer de plus en plus la beauté et la solidité de la nouvelle doctrine. Alors Ka-hoan-i, entièrement vaincu, n’ayant plus aucun subterfuge à mettre en avant, dit ces mémorables paroles : « Cette doctrine est magnifique, elle est vraie ; mais elle attirera des malheurs à ses partisans. Que faire ? » Il se retira, et, depuis cette époque, n’ouvrit plus la bouche au sujet de la religion chrétienne, et ne s’en occupa aucunement.

Piek-i profita, pour faire de nouvelles conversions, de la gloire qu’il venait d’acquérir, mais bientôt un nouvel adversaire, apprenant les résultats de la fameuse conférence et les progrès de la foi, voulut, lui aussi, entrer en lice avec ses défenseurs. C’était Ni Kei-iang-i, non moins remarquable par son érudition que par la haute position de sa famille. Piek-i, fort de la vérité qu’il annonçait, n’était pas homme à éviter cette rencontre. Il développa l’origine du ciel et de la terre, le bel ordre du monde dans toutes ses parties, et les preuves de la Providence. Il expliqua la nature de l’âme humaine et de ses différentes facultés, l’admirable harmonie des peines et des récompenses futures avec les actes de chacun pendant sa vie : enfin il démontra que la vérité de la religion chrétienne s’appuie sur des principes inattaquables. Kei-iang-i, ne pouvant soutenir la discussion, garda le silence. Il semblait croire au fond du cœur, mais il ne pouvait se décider à l’avouer franchement. Aussi, quand il se fut retiré, Piek-i dit en parlant de ces deux docteurs : « Ces deux Ni ne savent que répondre ; mais comme ils n’ont aucun désir de pratiquer la religion, il n’y a rien à en espérer. »

Cependant Piek-i, afin de favoriser la propagation rapide de l’Évangile et d’établir solidement la religion chrétienne dans son pays, songeait à lui donner pour appuis quelques personnages dont la science et la réputation pussent imposer le respect et captiver les esprits. Ne comptant plus sur ceux dont il a été parlé plus haut, il jeta les yeux sur la famille Kouen de Iang-Keun, qui, auparavant, avait manifesté de bonnes dispositions. Cette