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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/250

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jours entiers, uniquement occupés aux exercices spirituels que leur suggéra le désir d’imiter Notre-Seigneur et ses saints. Une pratique si conforme au véritable esprit du Christianisme leur obtint certainement de Dieu des grâces abondantes pour eux et pour ceux qu’ils instruisirent après leur retraite. L’année suivante, tieng-mi (1787), les clameurs contre la religion se calmèrent peu à peu, les contradictions furent moins vives, et plusieurs de ceux qui avaient cédé à l’orage, manifestèrent leur repentir. Pierre Ni Seng-houn-i, entre autres, qui avait succombé par faiblesse, revint de nouveau trouver François-Xavier Kouen et les frères Tieng, Iak-iong et Iak-tsien. Ceux-ci le reçurent à bras ouverts.

C’est vers cette époque que, pour favoriser la propagation de l’Évangile, et confirmer dans la foi les néophytes, François-Xavier Kouen, Pierre Ni, les frères Tieng et autres chrétiens influents formèrent le dessein d’établir entre eux la hiérarchie sacrée. Cette pensée, quelque étrange qu’elle semble, était néanmoins bien naturelle. N’ayant pas le bonheur, comme les chrétiens de Chine leurs modèles, de posséder des pasteurs venus de l’Occident, les chrétiens de Corée comprenaient cependant très-bien qu’une église ne peut pas subsister sans chef. Dans leur ignorance sur la nature du sacerdoce, sur sa transmission par une chaîne non interrompue qui remonte jusqu’au souverain Prêtre Jésus-Christ, ils crurent ne pouvoir rien faire de mieux que de se créer à eux-mêmes, des évêques et des prêtres.

Pierre Seng-houn-i avait vu à Péking la hiérarchie catholique en action : l’évêque, les prêtres et les autres clercs inférieurs. Il avait assisté aux saints mystères dans l’église de cette ville. Les sacrements avaient été administrés en sa présence. Il rappela tous ses souvenirs, et à l’aide des diverses explications qui se trouvent dans les livres liturgiques ou dogmatiques à l’usage des chrétiens, on arrêta un système complet d’organisation, et on procéda de suite à l’élection des pasteurs.

François-Xavier Kouen, que sa position, sa science et sa vertu mettaient au premier rang, fut nommé évoque. Pierre Ni Seng-houn-i, Louis de Gonzague Ni Tan-ouen-i, Augustin Niou, Jean T’soi Tsiang-hien-i et plusieurs autres, furent élus prêtres. On ignore s’il y eut quelque cérémonie, ressemblant à une consécration ou ordination. Chacun se rendit immédiatement à son poste, et ils commencèrent une sorte d’administration des chrétiens, prêchant, baptisant, confessant, donnant la confirmation, célébrant les saints mystères, et distribuant la communion aux