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découragèrent point, et continuèrent à travailler de toutes leurs forces au progrès de l’Évangile.

C’est dans cette année (1790) qu’eut lieu la conversion de T’soi Pil-kong-i, appelé Thomas au baptême. Thomas T’soi était né à la capitale, d’une famille de la classe moyenne. Ses ancêtres avaient été employés comme médecins par le gouvernement ; mais à cette époque T’soi était réduit à une grande pauvreté, parce qu’il n’avait aucun protecteur pour obtenir un emploi. Son indigence l’avait même empêché de se marier. La franchise et la générosité faisaient le fond de son caractère, aussi embrassa-t-il la religion aussitôt qu’il en entendit parler. Dès le premier jour de sa conversion il montra une grande ferveur, ne pensant qu’aux choses spirituelles, et oubliant même de subvenir aux nécessités du corps. Ce saint enthousiasme ne se refroidit point avec le temps. Inaccessible à la crainte, il ne cessait de prêcher publiquement le christianisme, et il lui arrivait quelquefois de s’arrêter dans les rues, au milieu de la foule, et de s’écrier à haute voix : « Il faut nécessairement servir le grand Roi du ciel et de la terre. Comment ne pas servir le grand seigneur de toutes choses ? » Aussi, quoiqu’il fût nouveau chrétien, il fut bientôt connu partout comme un des plus fervents.

Cette conversion, et un certain nombre d’autres sur lesquelles nous n’avons malheureusement pas de détails, servirent beaucoup à ranimer le courage des chrétiens de Corée, et à les fortifier d’avance contre la persécution qui ne pouvait tarder d’éclater.