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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/315

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livres, il est juste que je meure. — Voudrais-tu par hasard mourir comme Tsi-hong-i ? Qu’y a-t-il donc de si beau à mourir ? — Dieu m’a comblé de bienfaits sans bornes, et mes péchés sont sans nombre ; il est bien juste que je meure. — Quels péchés as-tu commis ? — Je n’ai pas observé dans leur intégrité les dix commandements.» Le mandarin le fit reconduire alors à la prison. Les geôliers, pour lui extorquer quelque argent, lui mirent les pieds dans des entraves, le couchèrent sur des morceaux de tuile, et lui tirent souffrir toute espèce d’avanies. Laurent répondit qu’il était disposé à mourir pour la justice, mais que s’il avait voulu donner de l’argent, il ne serait pas venu jusqu’à la prison. Ces paroles augmentèrent la rage des bourreaux, et il fut accablé de coups.

Au second interrogatoire, le mandarin le fit placer sur la planche à tortures, puis flageller, puis tirailler avec des pinces. — « T’obstineras-tu encore à méconnaître parents, roi et mandarins ? Brûle tes livres, croix, médailles et images, toutes ces choses-là sont mauvaises. — Quand je devrais mourir, reprit Laurent, comment pourrais-je brûler des livres si précieux ? » Il ajouta quelques mots sur l’Incarnation de Jésus-Christ, sur les mérites de sa passion, sur sa résurrection, son ascension et son second avènement, ce qui lui valut une volée de coups sur les jambes.

Il y avait trois mois qu’il portait la cangue, quand des chrétiens de différents lieux, étant venus pour le voir, obtinrent du geôlier, à prix d’argent, qu’elle lui fût enlevée dans la prison. Le troisième interrogatoire, comme ensuite tous les autres, commença par des menaces de mort. Puis le mandarin lui dit : « Toi, enfant de la Corée, pourquoi t’obstines-tu à faire ce que tous nos saints et hommes célèbres n’ont jamais fait ? Qu’as-tu à gagner en violant la loi du royaume ? Ta conduite n’est pas raisonnable. — Le roi, répondit Laurent, peut bien être maître du corps, mais Dieu seul est maître de l’âme ; il a établi des récompenses et des peines après la mort, et personne ne peut les éviter. S’il faut mourir, que m’importe ? Cette vie n’est-elle pas semblable à la rosée qui se dissipe. La vie est un pèlerinage, la mort n’est qu’un retour vers la patrie. »

Sept mois après, le quatrième interrogatoire officiel eut lieu, à l’arrivée d’un nouveau mandarin. Celui-ci dit à Laurent : « Pourquoi, après d’aussi violents tourments, persistes-tu dans ton obstination ? Et puis, ta mère vivant encore, comment peux-tu vouloir mourir ? décidément, tu es devenu insensé. — « La mort, répondit le confesseur, est de toutes les misères de ce monde la plus grande ; le désir de la vie et l’horreur de la mort sont des sen-