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compte des lois et coutumes, et passa par-dessus tous ces obstacles, pour avoir de suite sous la main des agents dévoués à son parti. Quelques jours après parut, au nom du jeune roi et de la régente, le décret impie qui prohibait la religion chrétienne dans tout le royaume, mettait au ban de la loi tous ses adhérents, ordonnait à tous les fonctionnaires publics de les saisir, et leur donnait plein pouvoir de les juger sans miséricorde.

D’anciennes lettres, imprimées en Europe, portent qu’un ministre eut alors le courage de défendre les chrétiens en plein conseil, et qu’il reçut la palme du martyre en récompense de sa généreuse apologie. Mais toutes nos recherches n’ont pu jusqu’à ce jour nous faire rencontrer des traces de ce fait, et nous ne voyons pas de qui il pourrait être question.

Le décret de persécution était à peine publié que les arrestations commencèrent. Le premier saisi fut Thomas T’soi, le même qui, l’année précédente, avait soutenu avec tant de talent et de courage la cause de l’Évangile, devant le roi lui-même. Quelques jours après, le 19 de la douzième lune, fête de la Purification, Pierre T’soi Pil-tiei-i, cousin germain de Thomas, fut pris à son tour. Il était en prière, à l’aube du jour, avec quelques autres chrétiens, dans une pharmacie qui donnait sur une des grandes rues de la capitale. Des agents de police entendirent en passant ces néophytes qui se frappaient la poitrine, et croyant reconnaître le bruit d’un jeu de cartes prohibé, enfoncèrent la fenêtre, se précipitèrent dans l’appartement, fouillèrent toutes les personnes présentes, et trouvèrent, non des cartes, mais un calendrier chrétien. Comme aucun d’eux ne savait lire, ils le portèrent de suite à des camarades plus instruits, et apprenant que c’était un écrit de religion, revinrent en toute hâte saisir les délinquants. Tous s’étaient enfuis, excepté Pierre T’soi et Etienne O, qui furent conduits au mandarin et enfermés dans la même prison que Thomas T’soi.

Deux chrétiens nobles, du parti des Nam-in, furent pris dans ces mêmes jours, l’un au district de Iang-keun, et l’autre dans la ville de Tsiong-tsiou. Le premier était ce même Justin Tsio Tong-siem-i, que nous avons vu autrefois se livrer aux exercices de la retraite spirituelle avec Xavier Kouen. Il fut de suite jeté en prison. L’autre, nommé Ni Kei-ien-i, échappa à la prison par l’apostasie et fut exilé.

Les perquisitions se multipliaient de toutes parts ; toutes les maisons suspectes étaient fouillées par les satellites et souvent dévastées ; l’effroi se répandait parmi les chrétiens, lorsque, à la