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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/332

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fin de cette douzième lune, les fêtes du nouvel an coréen leur procurèrent un sursis de quelques jours, et donnèrent à plusieurs le temps de se mettre en sûreté, eux et leurs familles.

L’année qui commençait, l’année sin-iou (1801), devait être à jamais mémorable entre toutes pour ses désastres. Elle est gravée en caractères de sang dans les annales de la Corée. C’est alors surtout que cette Église naissante acquit droit de cité dans l’Église catholique ; c’est alors surtout que la foi de Jésus-Christ planta dans cette terre infidèle des racines que l’enfer ne saurait arracher et que le temps ne fera jamais périr. Les fêtes du nouvel an étaient à peine terminées lorsque le 11 de la première lune fut publié, au nom de la régente, un nouveau décret dont voici le texte :

« Le feu roi disait souvent que si l’on s’appliquait à faire briller la droite doctrine, la doctrine perverse s’éteindrait d’elle-même. Maintenant j’entends dire que la doctrine déréglée se maintient, et que depuis la capitale jusque dans le fond des provinces, surtout dans le Ho-tsiong, elle se répand de jour en jour davantage ; comment pourrais-je ne pas en trembler ? L’homme ne devient vraiment homme que par l’observation des relations naturelles, et un royaume ne trouve sa vie que dans l’instruction et la vraie doctrine. Or, la doctrine déréglée dont il est question ne reconnaît ni parents, ni roi ; elle rejette tout principe, elle ravale l’homme au rang des sauvages et des animaux. Le peuple ignorant s’en laisse pénétrer de plus en plus, et s’égare dans une fausse voie ; c’est un enfant qui court à la rivière et s’y perd. Comment mon cœur ne serait-il pas touché ? et comment pourrais-je ne pas prendre en pitié ces pauvres malheureux ?

« Les gouverneurs et mandarins des villes doivent donc ouvrir les yeux aux ignorants, faire en sorte que les adeptes de cette religion nouvelle s’amendent sincèrement, et que ceux qui ne la suivent pas soient fortement éclairés et avertis. Par là, nous ne foulerons pas aux pieds les instructions que le feu roi s’est si généreusement efforcé de donner, et les lumières qu’il a fait briller. Après cette stricte prohibition, s’il y a encore des êtres qui ne reviennent pas à résipiscence, il faut les poursuivre comme rebelles. En conséquence, les mandarins de chaque district établiront, chacun dans toute l’étendue de sa juridiction, le système des cinq maisons solidaires l’une de l’autre. Si parmi les cinq maisons il y en a qui suivent la mauvaise doctrine, le chef préposé à leur surveillance avertira le mandarin pour les faire corriger. Après quoi, s’ils ne veulent pas encore changer, la loi est là ;