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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/343

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Depuis cette époque, dans la nombreuse parenté de Pierre Ni Seng-houn-i, on ne compte que très-peu de fidèles, et le plus grand nombre de ses parents se sont toujours signalés par leur hostilité contre la religion chrétienne. Il laissait trois fils, qui furent la souche d’autant de familles, dont deux seulement font aujourd’hui profession de christianisme.

Détournons maintenant nos regards de ces scènes attristantes, et reportons-les sur la mort précieuse de nos martyrs. Thomas T’soi, dont le caractère si droit et la noble franchise avaient conquis les sympathies du feu roi, marcha résolument au supplice. Le bourreau, encore peu expérimenté, ne put lui trancher la tête du premier coup. Thomas, portant la main sur sa blessure, la retira tout ensanglantée, et la fixant avec attention, s’écria : « Précieux sang ! » Précieux, en effet, car c’était le prix du ciel, dont un second coup de sabre lui ouvrit immédiatement les portes.

Vint ensuite le zélé catéchiste Jean T’soi. Dans un des interrogatoires subis au tribunal des voleurs, il avait eu un moment de faiblesse ; mais Dieu vint à son aide, et la grâce reprit bientôt le dessus. À peine arrivé devant le tribunal supérieur, il rétracta courageusement ses paroles ambiguës. Il fit plus, comme on le voit par le texte de sa sentence ; il composa alors même une apologie écrite de la religion chrétienne, la présenta aux juges, et le lendemain la scella de son sang. Il était âgé de quarante-trois ans.

François Xavier Hong en avait soixante-quatre. Nous n’avons aucun détail sur ses derniers moments ; mais les juges eux-mêmes ont fait un éloge magnifique de sa persévérance, en inscrivant dans son arrêt de mort ces paroles : « Il ose dire impudemment que c’est un bonheur de mourir pour cette religion. Son obstination est plus forte que le bois et la pierre. Pour lui, tous les supplices sont trop légers. »

Luc Nak-min-i ayant, quelques années auparavant, renié le christianisme publiquement et à plusieurs reprises, le tribunal lui fit grâce de la vie. Il fut donc condamné à l’exil, et, selon l’usage, il reçut d’abord une forte bastonnade sur les jambes. C’est là que Dieu l’attendait. Pendant cette torture, la foi, le repentir, les sentiments généreux se réveillèrent dans son âme, et relevant la tête, il dit cases juges : « Tout ce que j’ai fait par le passé n’était que pour conserver lâchement ma vie. Maintenant que je suis encore battu et déshonoré, j’aime mieux vous dire franchement tout ce que j’ai sur le cœur, et mourir avec courage. Le