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ordres, moi j’attends seulement que vous les exécutiez. Dussé-je mourir sous les coups, mon parti est pris ; dussé-je mourir dix mille fois, je n’ai rien autre chose à répondre, agissez comme vous voudrez, je suis prêt à tout. » Le mandarin furieux le fit accabler de coups, puis lui ordonna de signer sa sentence de mort, ce qu’il fit d’un visage rayonnant de joie, remerciant Dieu et la Vierge Marie de son bonheur. Renvoyé à la prison, le jour et la nuit il faisait ostensiblement ses prières, et quand il en avait l’occasion, développait aux païens la vérité de la religion.

Quelque temps après, André fut envoyé au tribunal de T’sieng-tsiou, chef-lieu militaire de la province, et de là à la capitale, où semble avoir été prononcée sa sentence définitive. Les ordres de la cour portant de le faire exécuter à la ville de Niei-san, dans son district natal, il se mit en route accompagné de Kim Tait’sioun-i, son parent, condamné le même jour que lui, et qui devait être mis à mort à Tai-heng, district limitrophe de Niei-san. Les deux confesseurs s’exhortaient mutuellement pendant le voyage, et arrivés à l’embranchement où les deux routes se séparent, ils se firent leurs adieux, se donnant rendez-vous dans la céleste patrie pour le lendemain, à midi, heure où ils devaient, chacun de leur côté, avoir la tête tranchée. Combien durent-être édifiants ces derniers entretiens ! combien touchants ces adieux, avec rendez-vous dans le sein du sauveur Jésus !

Le lendemain, après sept mois de détention et de souffrances, André était porté sur une litière de paille au lieu du supplice. En s’y rendant, il récitait son rosaire à haute voix, et les curieux disaient : « C’est bien singulier ; il est content de mourir, il va au supplice en chantant. » André, entendant cette remarque, leur répondit : « C’est qu’aujourd’hui je serai près de Dieu, pour y jouir du bonheur sans fin. » Arrivé à l’endroit marqué, il dit : « Je n’ai pas fini mes prières, attendez quelque peu ; » puis il se mit à genoux, les termina à haute voix, et plaçant lui-même sous sa tête le billot qui devait la soutenir, il s’inclina. Le bourreau ayant frappé à faux, n’atteignit que l’épaule. André se releva, essuya le sang avec son mouchoir, et se remit en position, en disant : « Fais attention, et tranche-moi la tête d’un seul coup, » puis avec le plus grand calme, il reçut ce dernier coup qui consomma son sacrifice. C’était le 17 de la septième lune (25 août). André devait avoir environ soixante ans.

Le second confesseur, condamné le même jour qu’André, est désigné dans les actes officiels sous le nom de Tieng Tenk-i. Mais il est à peu près certain que ce Tieng Tenk-i n’est autre que