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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/394

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province de Tsien-tsiou, à l’âge de quarante ans ; un chrétien nommé O, noble du village de Pok-san-t’si, au district de Ieng-Koang, décapité ; enfin un autre chrétien nommé Ouen, pris à Sol-tei, district de Keum-san, et décapité à Tsien-tsiou.


Nous connaissons les noms de deux seulement des confesseurs qui ont été mis à mort pendant la huitième lune : Philippe Hong, le beau-fils de Colombe Kang, dont nous avons raconté le martyre avec celui de sa mère, et Kim Tsong-tsio ou T’si-hoi. Ce dernier, peu connu des chrétiens, à cause de la vie obscure qu’il avait menée depuis son baptême, était d’une famille de médecins. Il embrassa la religion dès qu’elle se répandit en Corée. D’un visage froid et peu prévenant, d’un caractère timide, appartenant d’ailleurs à une famille très-pauvre, il avait peu d’accès auprès des grands, et partant, peu de chance d’obtenir des charges. En revanche, il avait du goût pour les études sérieuses, et Ni Piek-i, plein d’estime et d’affection pour lui, répétait souvent que T’si-hoi était un homme aussi étonnant que peu connu. En 1791, il se racheta par l’apostasie, comme presque tous les néophytes d’alors, mais bientôt il regretta sa faiblesse, et reprit ses exercices de religion avec plus de ferveur et d’assiduité. À la persécution de 1801, dénoncé comme un apostat relaps, il fut jeté en prison, où il confessa d’abord généreusement le nom de Jésus-Christ. S’il faut en croire sa sentence, il eut un moment d’hésitation au tribunal des voleurs, puis se rétracta presque aussitôt devant le tribunal des crimes, et depuis lors ne se laissa plus intimider. Il fut condamné à mort et exécuté le même jour que Philippe Hong, le 27 de la huitième lune.

C’est aussi pendant la huitième lune que fut saisi Thomas T’sio, fils de Justin T’sio, de Iang-keun. Ce dernier avait été condamné à l’exil par le tribunal suprême, pour cause de religion, et le mandarin de Iang-keun, son ennemi personnel, furieux de n’avoir pu le faire mettre à mort, avait juré de se venger sur le fils, puisque le père lui avait échappé. La chose était assez difficile, car Thomas, ayant accompagné son père au fond de la province du Nord, se trouvait sur un territoire hors de sa juridiction. Le mandarin présenta plusieurs requêtes aux ministres, et à la fin, grâce au crédit de quelques amis puissants, obtint les pouvoirs nécessaires.

Dès son enfance, et avant d’être chrétien, Thomas s’était fait remarquer par son excellent caractère et par sa piété filiale ; aussi, après sa conversion, devint-il bientôt, par sa vertu et son exacti-