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beaucoup la connaître, sans pouvoir y parvenir. S’étant marié au district de Han-san, dans la partie sud du Nai-po, il apprit bientôt qu’il y avait beaucoup de chrétiens dans les environs, alla de suite les trouver, se fit instruire par eux des principales vérités de l’Évangile, et, à son retour à Mou-tsiang, se mit à la pratiquer avec une grande ferveur. Sa piété et son zèle à répandre partout la connaissance de la foi, et à communiquer la grâce qu’il avait reçue, étaient telles qu’il convertit un grand nombre de païens. La persécution ayant éclaté avec violence dans son propre pays, Mathias se retira chez les parents de sa femme, à Han-san. Mais bientôt un grand nombre de chrétiens y furent arrêtés, et entre autres vingt-huit de ceux qu’il avait convertis. Quelques-uns d’entre eux le trahirent et firent connaître aux mandarins le lieu de sa retraite. Il y fut pris, le 13 de la quatrième lune, et conduit d’abord à la préfecture de Han-san, où il eut à subir un interrogatoire devant le mandarin. Celui-ci l’ayant fait torturer plusieurs fois inutilement, donna avis de cette capture au gouverneur de la province, qui le lit conduire, la cangue au cou, au mandarin de Mou-tsiang. Là, de nouveaux supplices l’attendaient, mais rien ne put abattre son courage, et le mandarin, poussé à bout, l’envoya au tribunal de Tsien-tsiou, capitale de la province, où sa sentence de mort fut portée. Ayant encore sa mère presque octogénaire, Mathias demanda l’autorisation de la voir une fois, afin de mourir sans aucun regret ; cette permission lui fut refusée. Comme on le menaçait de le faire périr sous les coups, il craignit un instant que par là quelque chose ne manquât à son sacrifice, et en devint triste pendant plusieurs jours ; mais bientôt Dieu exauça les vœux de son serviteur, et permit qu’il fût transféré près des fidèles confesseurs Stanislas Han et André Kim. Grande fut sa joie et celle de ses généreux compagnons quand ils se virent réunis. Enfin le tribunal suprême rendit une sentence définitive, et Mathias fut conduit au marché Tsi-kap, dans son propre district de Mou-tsiang, et décapité le 19 de la septième lune (27 août), à l’âge de trente-neuf ans.

Ajoutons ici les noms de quelques confesseurs de cette province de Tsien-la, sur lesquels il ne reste pas de détails, et qui, très-probablement, ont souffert à la même époque, quoique la date exacte de leur martyre n’ait pas été conservée. Ce sont : Ni Hoa-paik-i, noble du district de Ieng-Koang, élève de Mathias T’soi, décapité dans sa ville natale ; T’soi Il-an-i, vulgairement appelé Keum-no, neveu du même Mathias, qui, après une glorieuse confession, mourut par suite des supplices dans la