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Les cinq autres prisonniers étaient accusés en outre de complot contre la sûreté de l’État. L’instruction de leur procès traîna en longueur, et les débats et interrogatoires furent multipliés en conséquence. Tout le peuple en était dans l’agitation, attendant le dénouement de cette importante affaire. Ennemis de la religion et ennemis des Nam-in, tous se remuaient à l’envi pour faire un grand éclat. Enfin, on décida de traiter les accusés en rebelles, et le 11 ou 12 de la neuvième lune, leur sentence fut définitivement portée. Ils furent condamnés comme coupables d’avoir suivi une mauvaise religion, d’avoir communiqué avec les étrangers, et d’avoir formé le complot d’appeler les navires européens pour forcer la volonté du gouvernement. Ordre était donné de les conduire tous les cinq à la ville de Tsien-tsiou, capitale de leur province, pour y être exécutés devant le peuple. Augustin Niou Hang-kem-i, son frère Niou Koang-kem-i et François Ioun Tsi-hen-i, devaient être décapités et coupés en six. Ce supplice consiste, après avoir tranché la tête, à couper les quatre membres, ce qui, avec le tronc, forme six morceaux. Kim Iou-san-i et Ou Tsip-i devaient seulement avoir la tête tranchée.

On les expédia donc de suite à la ville de Tsien-tsiou, et le 17 de la neuvième lune (24 octobre), le gouverneur fit exécuter de point en point la sentence. De plus, la famille de chacun d’eux fut mise au ban de la loi, et, selon l’usage en pareil cas, leurs maisons et tous leurs biens furent confisqués. Niou Koang-kem-i avait alors trente-quatre ans. Eut-il, avant de mourir, le bonheur de rétracter son apostasie, et d’implorer le pardon de Dieu pour tous les maux qu’il venait de causer ? On l’ignore. Nous avons dit que, d’après l’opinion commune, Augustin Niou Hang-kem-i, son frère aîné et le chef de la famille, jadis si zélé à pratiquer la religion et à la répandre dans toute la province, avait eu tout d’abord, ainsi que les trois autres, la faiblesse de donner un signe d’apostasie. Toutefois, nous aimons à espérer que leurs souffrances n’auront pas été inutiles, et que Dieu leur aura fait, à la dernière heure, la grâce de laver leur péché dans leur sang. Augustin mourut à l’âge de quarante-six ans.

François Ioun Tsi-hen-i était le frère cadet d’un de nos premiers martyrs, Paul Ioun Tsi-t’siong-i. Après la mort de son frère, il avait quitté son pays natal pour se retirer à Tsie-kou-ri, district de Ko-san, où il continua de pratiquer sincèrement la religion. Pendant le procès, il déclara le lieu où étaient cachés ses livres, et c’est cette circonstance surtout qui a fait douter de sa persévérance dans la foi. La violence des tourments lui fit aussi