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avouer que les chrétiens voulaient faire venir les navires européens, ainsi que Koang-kem-i l’avait déclaré. Lors de son supplice, François avait trente-huit ans. Sa femme fut exilée à l’île Ket-siei, où elle mourut vers 1828. Ses trois fils furent exilés aussi dans diverses îles, et l’on prétend que l’un d’eux vit encore aujourd’hui. Ou-tsip-i, dont le nom de famille et de baptême ne nous sont pas connus, était allié à la famille d’Augustin Niou. Nous ne savons rien sur sa vie. Enfin, Kim Iou-san-i était un homme de la classe du peuple, qui allait de côté et d’autre pour le service de la famille Niou et d’autres familles chrétiennes. Il fit aussi, à ce qu’il semble, plusieurs fois le voyage de Péking, pour y porter ou en rapporter des lettres. C’est pour cela qu’il fut impliqué dans le prétendu complot. Il est probable qu’il s’appelait Thomas. Il était âgé de quarante ans quand il fut décapité.

S’il nous faut maintenant dire notre opinion sur toute cette affaire, nous pensons que sur un fond vrai, on a bâti un échafaudage de calomnies. Ce qui est vrai, c’est que les chrétiens désiraient et sollicitaient l’intervention pacifique, par le moyen d’ambassadeurs, des puissances chrétiennes de l’Occident, pour faire cesser la persécution. Nous avons vu le P. Tsiou lui-même développer ce plan à l’évêque de Péking. Ce qui est faux, c’est qu’Augustin Niou et ceux qui furent condamnés comme ses complices eussent jamais comploté la ruine du gouvernement coréen, par une invasion étrangère. Il n’y a absolument aucune preuve contre eux, et les nombreux détails qui ont été recueillis de la bouche de témoins oculaires ne peuvent pas laisser le moindre doute à ce sujet. L’argent en question était destiné aux dépenses personnelles des missionnaires et aux frais des chrétiens que, de temps à autre, on envoyait à Péking. Quant aux diverses confessions et dénonciations arrachées par la bastonnade ou d’autres tortures, il serait puéril d’y attacher aucune valeur.

Avant de passer au récit d’autres faits, c’est-à-dire d’autres procès et d’au très supplices, il sera mieux de compléter ici l’histoire de la famille Niou, bien qu’une partie des événements que nous allons raconter n’aient eu lieu que quelques mois plus tard.

Augustin Niou, en mourant, laissait sa mère très-avancée en âge, sa femme et six enfants. L’aîné, Jean Niou Tsiong-sien-i, marié à Luthgarde Ni ; la seconde, une fille mariée récemment, mais non encore envoyée à la maison de son mari ; le troisième, Jean Niou Moun-tsiel-i, non marié ; les trois derniers avaient l’un neuf, l’autre six et l’autre trois ans. De plus Mathieu, fils d’un frère d’Augustin, qui était mort avant que la religion se répandit en