Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/413

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contrions tous auprès de lui, ne sera-ce pas bien beau ? Chacune devons, indulgente pour les autres, doit s’examiner sévèrement elle-même, et tendre toujours à la concorde ; par là ma mère deviendra, dans ses vieux jours, tout unie à la volonté divine, et mes sœurs deviendront des filles aimantes et soumises.

« Ma belle-sœur, si mon frère est mis à mort, ne vous affligez pas trop, sans aucun profit ; mais, d’un cœur calme, remerciez Dieu de ce bienfait. Il vous soutiendra d’en haut et vous aidera au milieu des difficultés. Appliquez-vous à la contrition, faites tous vos efforts, et employez toutes les facultés de votre âme à suivre les traces de mon frère.

« Ici, ma tante est avec son fils, le seul enfant qu’elle ait eu. Ils désirent donner leur vie pour Dieu avec nous, ils ont subi les mêmes supplices et sont aussi détenus, ils sont parfaitement résignés et calmes. Prenez modèle sur eux, et, imitant notre bonne mère la vierge Marie et tous les saints, ne mettez pas vos affections sur des choses inutiles. Ma belle-sœur et mon beau-frère sont aussi dans une position bien difficile à supporter, mais, pour avancer dans la vertu et acquérir des mérites, de telles occasions sont excellentes ; et jusqu’à présent ils ont montré une patience admirable. Mais s’il est bon de bien commencer, il est meilleur encore de bien finir ; soyez donc toujours sur vos gardes, ne perdez pas les mérites passés. Eussiez-vous des douleurs extrêmes, acceptez-les de grand cœur ; pensez à l’ordre de Dieu, et ayez foi en la rétribution avenir. Si vous repoussez tous les mouvements trop vifs de la nature, le-i choses même douloureuses perdront ce qu’elles ont de pénible. Il me semble qu’il serait bien avantageux de tenir toujours notre cœur dans cette disposition. Toutes les vertus sont bonnes à demander, mais la foi, l’espérance et la charité sont les principales ; si elles sont réellement dans l’âme, les autres vertus suivent tout naturellement.

« Comment se trouve maintenant mon beau-frère ? Quand je pense à la position de ma sœur, j’en ai l’âme bien affligée. Quoique vous ne puissiez pas être en parfaite concorde, tâchez de suivre tout doucement ses désirs pour tout ce qui n’est pas péché, et de ne pas perdre au moins la bonne harmonie. Jean et moi, mariés depuis cinq ans et ayant vécu quatre ans ensemble, nous n’avons pas eu un seul instant de désaccord ; avec toutes les personnes de la maison je n’ai jamais eu aucun mécontentement.

« J’aurais encore mille choses à dire, mais au dehors c’est un tapage affreux et je ne puis écrire qu’à grand’peine, aussi ne le ferai-je pas séparément à ma mère. Je voudrais du moins vous