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Mgr de Govéa était mort le 6 juillet 1808. Plusieurs années auparavant, Mgr Joachim de Souza-Saraiva avait été sacré évêque de Tipase, in partibus, et coadjuteur de Péking ; mais la persécution étant survenue en 1805, il fut impossible d’obtenir pour lui la permission de se rendre à cette capitale. Aussi, quoiqu’il fût devenu évêque titulaire de Péking par la mort de Mgr de Govéa, il ne put jamais pénétrer dans sa ville épiscopale, et mourut à Macao, le 6 janvier 1818. D’un autre côté, Mgr Pires, lazariste portugais, missionnaire à Péking, qui avait été sacré évêque de Nanking par Mgr de Govéa, ne put jamais non plus, à cause des persécutions, se rendre dans sa ville épiscopale de Nanking. Il fut obligé de rester à Péking, où il exerçait les fonctions épiscopales, et dont il reçut du Saint-Siège l’administration, après la mort de Mgr de Souza-Saraiva. Mgr Pires vécut jusqu’au 2 novembre 1839. C’est lui qui, dans la suite de cette histoire, est désigné souvent sous le titre d’évêque de Péking. C’est à lui que notre courrier fut conduit, et qu’il remit les lettres suivantes :


Lettre des chrétiens de Corée à l’évêque de Péking.

« Moi François, et autres chrétiens de Corée, quoique nous ne soyons que de misérables pécheurs, néanmoins le cœur brisé de douleur, le front en terre devant le trône épiscopal, nous présentons avec respect notre écrit au maître de la religion.

« L’énormité de nos péchés est à son comble ; nous avons perdu la sainte grâce du Seigneur. Ô désolation ! ô douleur ! nos crimes sont la cause de la mort de notre Père spirituel ! La tristesse et l’affliction ont dispersé les uns, éteint ou affaibli dans les autres tout sentiment de religion. Il y a déjà onze ans que nous avons perdu tous ceux dont le zèle et les talents étaient de quelque ressource. La rigueur avec laquelle nous sommes sans cesse surveillés, nous a empêchés de vous faire parvenir plus tôt nos humbles supplications. Tout ce qu’on dit des saints de l’antiquité qui soupiraient tant après la venue du Messie, tout ce que la sainte tradition nous enseigne de la bonté avec laquelle Notre Sauveur veut bien condescendre aux vœux ardents de ses saints ; tout cela nous prouve assez que, comme dans l’économie animale, il existe un rapport exact et infaillible entre l’aspiration et la respiration, de même, une prière fervente, qui part du fond du cœur, est un moyen sûr de toucher le Seigneur et d’en être exaucé.

« En réfléchissant sur l’énormité de nos péchés qui est parvenue à son comble, nous reconnaissons humblement qu’ils ont fermé la