Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/475

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vilipendés, ayant sans cesse devant les yeux la mort et les tourments, nous sommes à l’extérieur sous l’oppression. Le cœur est toujours le même, mais on craint de se déterminer imprudemment ; on désire entendre, mais personne n’indique ce qu’il faut faire ; c’est vraiment un état digne de compassion. Toutefois l’occasion présente est favorable ; vous ne refuserez pas de nous procurer un si grand bien.

« Nous avons entendu dire qu’en 1804, il y a eu une violente persécution à Péking ; que l’entrée des églises avait été interdite très-rigoureusement ; que beaucoup de chrétiens avaient été mis à mort, et les missionnaires européens emprisonnés. Cette nouvelle a répandu parmi nous la plus grande consternation, et nous a causé la douleur la plus amère. Jusqu’à présent, nous n’avons pu nous assurer de la vérité de ces bruits ; cela nous met dans la plus grande inquiétude. Nous vous supplions de nous éclaircir sur ce point ; ce sera pour nous une grande consolation. L’église de Péking étant elle-même très-rigoureusement surveillée, et nos affaires extérieures exigeant ! le plus grand secret, nous vous prions de nous indiquer ce qu’il y a de mieux à faire dans les circonstances présentes. Nous implorons le secours du Seigneur, et nous vous conjurons de penser à trouver un moyen efficace pour nous tirer de l’état affreux où nous nous trouvons.

« Depuis la grande persécution, tout ce qui concerne la religion, ses lois et sa doctrine, est connu dans tout le royaume. En vain voudrait-on cacher ou dissimuler les lois qui défendent de sacrifier aux ancêtres et aux idoles. Celles qui prescrivent les jeûnes et les abstinences font aussi reconnaître les chrétiens. Or quant au premier commandement de Dieu et à ce que la religion prescrit rigoureusement, dût-il en coûter la vie, il n’est jamais permis de l’enfreindre. Il n’en est pas de même des lois qui prescrivent les jeûnes et les abstinences ; nous avons vu qu’on en dispense souvent. Pourrait-on accorder une dispense générale aux voyageurs et aux domestiques ?

« Les livres et objets de dévotion qui ont été portés aux tribunaux inférieurs, ont été la proie des flammes. Ce qui était au tribunal King-fou (Keum-pou), a été mis sous clef pour être conservé, lien a été de même des écrits du missionnaire et d’Alexandre (Hoang) dont nous avons parlé ; tout cela est dans le palais du roi. Les chrétiens n’ont pu conserver intact presque aucun des livres de religion. On ne retrouve aujourd’hui que des lambeaux ou des feuilles séparées. Les images du père, ses livres, son calice, tout a disparu. Il ne reste de ses livres que deux petits