Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/488

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tous ici avec moi. » Peu satisfait de cette réponse, le mandarin le pressa de dénoncer les chrétiens qu’il connaissait, et lui fit subir, par trois fois, le supplice de l’écartement des os des jambes et de la puncture des bâtons. Dans cette horrible torture, il tint ferme et confessa généreusement sa foi. Il fut donc déposé à la prison, et, après quelques mois de souffrances, fut, à la huitième lune, transporté au tribunal du gouverneur à Kong-tsiou. Dans les prisons de Kong-tsiou, il rencontra plusieurs autres chrétiens, entre lesquels Pierre Ouen et Mathias Tsiang.

Pierre Ouen était du village de Tek-meri, au district de Kiel-sieng. Il vivait de son travail dans une poterie païenne de ce pays, lorsqu’il se convertit avec son frère aîné. Afin de pouvoir pratiquer plus librement la religion, les deux frères émigrèrent d’abord au district de Hong-tsiou, dans une autre fabrique païenne où ils furent saisis par le mandarin et mis à la torture. Puis ayant été relâchés, ils se réfugièrent à Eu-sil, district de Ien-san, dans une fabrique chrétienne. La persécution ayant éclaté, et les chrétiens de cette fabrique ayant été dénoncés, les deux frères s’enfuirent au district de Tsin-tsaen. Là, ils furent arrêtés de nouveau, conduits à la préfecture de Ien-san, et après un premier interrogatoire, envoyés au juge criminel de Kong-tsiou. L’aîné eut la faiblesse d’apostasier et fut condamné à l’exil ; mais Pierre Ouen, traduit devant le gouverneur, souffrit de cruelles tortures dans trois interrogatoires, sans faiblir un seul instant, et mourut glorieusement en prison, la nuit qui suivit la dernière question, environ quinze jours après son arrivée à Kong-tsiou, dans les premiers jours de la dixième lune.

Mathias Tsiang Tai-ouen-i, était aussi du village de Tek-meri. Ses parents étaient très-pauvres, et, lorsqu’il les perdit, étant encore païen, il entra d’abord comme domestique ou homme de peine dans différentes maisons ; puis, lassé de sa misère, finit par se joindre à une troupe de comédiens ambulants. Mais ayant eu le bonheur d’embrasser la religion, il quitta de suite sa vie licencieuse, renonça à ses mauvaises habitudes, particulièrement à l’ivrognerie, et alla travailler à la fabrique chrétienne de Sol-tei, au district de Keum-san, où il pratiqua pendant quelque temps avec beaucoup de ferveur. Il était ensuite tombé dans le relâchement, il avait même pris une concubine sans cesser toutefois entièrement ses pratiques religieuses, lorsque sa femme légitime étant venue à mourir, il se maria avec sa concubine, et se remit avec zèle à l’exercice de la prière quotidienne, faisant une sévère et continuelle pénitence de ses égarements passés. Il fut pris, vers la