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vous voulez que je meure, frappez ici, » et de sa main il montrait un point sur le côté du corps. Deux coups donnés comme il l’avait indiqués, furent suffisants, et il rendit le dernier soupir. Il était âgé alors d’environ quarante-trois ans.

On raconte qu’au moment où il consommait son martyre, trois jeunes gens, passant non loin de là, virent une lumière brillante qui s’élevait jusqu’au ciel. Ils se disaient entre eux : « Qu’est-ce donc que cela ? Ce n’est pourtant pas du feu. C’est singulier ! » et ils continuèrent leur route. L’un d’eux, qui était chrétien, de retour chez lui, apprit, trois jours après, la nouvelle de la mort de Paul, et, calculant le jour et l’heure, il reconnut que l’apparition de cette lumière coïncidait exactement avec le martyre, et dans sa joie, il se mit à louer Dieu de ce prodige. Les parents et amis païens de Paul retirèrent son corps pour lui rendre les honneurs de la sépulture ; mais ils furent bien étonnés de voir que ce corps flagellé et déchiré n’avait aucune trace de blessures, et semblait au contraire tout rayonnant. L’un d’entre eux, frappé de cette circonstance si étrange, se convertit, et devint dès lors un fervent chrétien. Un témoin oculaire de la lumière qui apparut au moment du martyre de Paul, vit encore aujourd’hui, ainsi que plusieurs autres personnes qui en entendirent parler le jour même, et l’on a reçu tout dernièrement le témoignage d’un païen dont le père et la mère avaient vu le corps intact quand on lui donna la sépulture. Le nom de le-sa-mi est longtemps resté proverbial parmi les satellites de Hong-tsiou. Ils disaient aux chrétiens dans les supplices : « Il faut supporter les coups comme Ie-sa-mi ; » et après la mort des confesseurs, ne voyant pas de lumière extraordinaire, ils répétaient : « Celui-ci, sans doute, ne vaut pas Ie-sa-mi. »

L’année suivante (1813), nous trouvons, dans la ville de Kong-tsiou, trois nouveaux martyrs.

Le premier est Paul Hoang, qui avait eu la gloire de confesser une première fois le nom de Jésus-Christ, en 1794. On assure que même auparavant, il avait déjà subi une rude persécution dans sa propre maison. Son père, ennemi acharné du nom chrétien, alla dit-on, jusqu’à lui mettre des charbons ardents entre les doigts, et sur les parties du corps les plus sensibles, sans pouvoir obtenir son apostasie. Paul Hoang fut arrêté dans le district de Po-rieng, le 15 de la quatrième lune, et conduit au tribunal de Hai-mi. Beaucoup d’autres chrétiens furent pris à cette même époque et emprisonnés avec lui. Interrogé par le mandarin sur son maître de religion et sur ses complices, il répondit : « Celui-qui m’a enseigné la religion est mort, et ceux que vous appelez mes complices, sont