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au moment où les fosses s’ouvrirent, disparut aussitôt que les corps furent sortis de terre. Les vêtements eux-mêmes étaient bien conservés, et sans humidité. Tous les chrétiens en furent dans l’admiration. On transporta ces précieux restes dans un lieu plus convenable, et ils sont enterrés dans quatre fosses seulement.

L’exécution de ces sept martyrs dans la grande ville de Tai-kou, la seconde peut-être du royaume, eut, dans les provinces voisines, un immense retentissement, et ne contribua pas peu à faire connaître le nom de Jésus-Christ à beaucoup d’idolâtres.


C’est ici le lieu de remarquer plusieurs différences importantes entre cette persécution de 1815, et la grande persécution de 1801. La persécution de 1801 avait été générale ; on avait poursuivi les chrétiens partout où ils existaient en plus ou moins grand nombre ; celle de 1815, comme nous l’avons déjà dit, éclata avec beaucoup plus de violence sur les chrétientés nouvellement formées des provinces de Kang-ouen et de Kieng-siang. Dans la première persécution, les passions politiques, les rivalités de partis avaient joué un rôle considérable ; cette fois, il n’en est plus question, et les néophytes ne sont emprisonnés que comme chrétiens, mis à mort que comme chrétiens. La première persécution avait commencé par un décret solennel, et s’était terminée par une proclamation royale annonçant à tous que l’œuvre était terminée ; cette fois il n’y eut pas besoin de nouveaux édits, car les lois antérieures contre la religion étaient et sont toujours en vigueur. Il n’y eut pas non plus de terme officiel, car elle continua et continue encore, diminuant ou augmentant d’intensité, suivant les caprices des mandarins, les circonstances locales, et les passions populaires.

Enfin, en 1801, nous ne voyons que quelques femmes chrétiennes saisies, et encore dans les familles les plus éminentes et, par là même, les plus compromises aux yeux du gouvernement. La plupart des autres femmes ne furent ni arrêtées, ni poursuivies ; elles n’eurent à supporter que le contre-coup de la persécution ; elles furent ruinées par la confiscation elle pillage, mais purent se retirer presque toutes avec leurs enfants, dans d’autres lieux. En 1815, les satellites, livrés à eux-mêmes, firent souvent main basse indistinctement sur tout ce qu’ils rencontraient, et, proportion gardée, le nombre des femmes emprisonnées et mises à mort, semble beaucoup plus considérable. Ce fait montre bien l’influence directe de l’enfer, car rien n’est plus contraire à