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vement pénible. Sans aucune ressource, sans habits, souvent même sans riz, comme ses généreux hôtes, il lit de rapides et sérieux progrès dans la pratique de la morfification chrétienne. Il voulut ensuite aller trouver au lieu de son exil, à Mou-san, Justin Tsio Tong-siem-i, dont il avait bien des fois entendu vanter le grand cœur, les talents et les vertus, afin d’étudier un peu auprès de lui les lettres chinoises, dont la connaissance était nécessaire pour l’exécution de ses projets. Il ne s’agissait de rien moins que d’une distance de mille lys, et la dernière partie de la route devait se faire à travers des pays presque déserts. Paul n’avait pas encore vingt ans ; il n’avait jamais voyagé ; il était seul, sans amis, sans argent, sans guide. Les difficultés, les dangers de cette entreprise auraient effrayé un cœur moins résolu que le sien. Mais sa vigueur physique extraordinaire semblait lui permettre de tout oser, et comptant sur le secours de Dieu, il partit à l’aventure. Après des fatigues et des souffrances indicibles, il arriva heureusement à la ville de Mou-san. Généreusement reçu par le noble exilé, qu’il était venu trouver de si loin, il resta près de lui pendant plusieurs mois, se livrant sans relâche à l’étude de la religion et des lettres chinoises. Puis, encouragé par lui dans ses grands desseins, il revint et se mit de suite en relation avec les chrétiens de la capitale, pour obtenir les moyens de faire le voyage de Péking. Il trouva de l’écho dans tous les cœurs, et les préparatifs furent terminés pour la fin de l’année 1816.

Malgré son extrême jeunesse, Paul était déjà un homme mûr, prudent, et capable de réussir dans tout ce qu’il entreprendrait. Comme son prédécesseur Jean Ni Ie-tsin-i, il dut cacher ses titres de noblesse, et se mettant au service des interprètes, comme simple valet, il partit à pied, et fit heureusement le voyage, aller et retour. Les détails de son expédition ne nous sont pas connus ; mais, cette fois encore, l’Église de Corée n’obtint ni prêtre, ni promesse positive pour l’avenir. Néanmoins, la voie était ouverte à Paul ; il s’était, par la réception des Sacrements, confirmé dans sa résolution ; il avait soigneusement étudié le chemin, et nous le verrons, pendant de longues années, renouveler ses tentatives, et poursuivre obstinément la réalisation de ce projet, qu’il considérait comme sa vocation spéciale.

Souvent, dans la suite, Paul racontait la protection toute particulière de Dieu, dont il fut l’objet à son retour du premier voyage. Son pied-à-terre, à la capitale, était chez Pierre Tsio Siouk-i, et c’est là qu’il devait se rendre en arrivant. Ayant pris