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Joseph Siong T’sien-tsi, oncle de Philippe Siong T’sioun-hoa, était, au moment de son arrestation, d’un âge très-avancé. Pauvre et sans famille, il vivait comme domestique chez d’autres chrétiens, aimé de tous ceux qui le connaissaient, à cause de son caractère doux, simple et dévoué. Il ne voulut pas renier sa foi, et mourut aussi dans la prison de Haï-mi.

Un autre chrétien, dont on ignore le nom, après avoir confessé généreusement Jésus-Christ, attendait, dans cette même prison, la décision finale du mandarin. Les satellites, qui cherchaient à obtenir de lui la dénonciation d’un de ses parents, homme très-riche, dont ils voulaient piller la maison, le torturaient continuellement en secret. Il résolut d’échapper, coûte que coûte, à leurs mauvais traitements ; et un jour, la fuite lui paraissant possible, il s’arracha le poignet par lequel il était enchaîné, parvint à tromper la vigilance des gardiens, s’évada, et se cacha chez une famille chrétienne, où il ne mourut que longtemps après.

Joseph San Ien-ouk-i, né dans le district de Hong-tsiou, se distingua par son intrépidité à confesser la foi, aussi bien que par sa constance dans les supplices. C’était un homme doux, humble, charitable envers le prochain, et surtout très-exact dans la pratique de ses devoirs religieux. Souvent il témoignait le désir de donner sa vie pour Dieu. Lorsqu’il eut été pris et conduit à Haï-mi, le juge criminel le fit comparaître et voulut le forcer à dénoncer les chrétiens, à donner ses livres et à renier sa religion. Il répondit à ces demandes comme doit le faire un soldat de Jésus-Christ, et par suite fut mis à la question. On continua les tortures pendant plusieurs jours, mais son cœur ne se laissa pas ébranler, et aucune parole compromettante ne tomba de ses lèvres qui semblaient n’avoir de mouvement que pour prier Dieu. La défection de beaucoup de ses compagnons de prison ne fit pas plus d’impression sur lui. Au contraire, il sembla en prendre occasion pour ranimer son zèle et s’exciter à réparer, par sa propre fidélité, l’indigne outrage fait à la gloire de Dieu. Après de longs et nombreux supplices, il fut laissé dans la prison, sans espoir d’en sortir jamais, et s’y installa comme pour y passer sa vie. Six ou sept ans s’écoulèrent ainsi, et sa ferveur, loin de diminuer, s’affermissait chaque jour. À la fin, il obtint de vivre avec son frère, dans une maison voisine de la prison. Il y demeurait depuis quelques semaines seulement lorsqu’il mourut, dans des circonstances qui frappèrent beaucoup les chrétiens. Il ne paraissait atteint d’aucune maladie, et nul ne prévoyait sa fin prochaine, quand un jour, après avoir passé toute la nuit en prières