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l’homme et du monde ; et dans l’espoir d’y réussir, il étudia à fond, jour et nuit, pendant plus de dix ans, les livres de la religion de Fo, ainsi que beaucoup d’autres. On disait de lui qu’il renfermait dix mille volumes dans sa poitrine et que toutes les sciences, tant anciennes que modernes, s’y trouvaient réunies. Mais après de si vastes recherches, Augustin n’avait réussi qu’à altérer profondément sa santé par l’excès de travail ; il ne trouvait nulle part de principes inébranlables de vérité, et son esprit était de moins en moins satisfait.

Trop jeune en 1801 pour entendre parler de la religion, ou comprendre ce qu’on en disait, il apprit plus tard qu’à cette époque beaucoup de personnages, célèbres par leur science et leur vertu, avaient été tués comme professant la religion du Maître du Ciel, et qu’ils mouraient avec une joie extraordinaire. « Ne serait-ce pas là la vraie doctrine ? » se dit-il en lui-même. Et dès lors il chercha à rencontrer des chrétiens, ou du moins à se procurer des livres de leur religion : mais où trouver ces livres, où rencontrer ces hommes ? Il y avait chez lui un meuble tapissé de papiers imprimés en chinois. Regardant un jour par hasard quelques feuilles à moitié déchirées, il y vit ces mots : âme sensitive… âme végétative… âme spirituelle… Des paroles si extraordinaires pour lui piquèrent sa curiosité ; aussitôt il décolla une à une, avec les plus grandes précautions, toutes les feuilles qui recouvraient le meuble, et les coordonnant, il eut entre les mains une partie du livre chrétien intitulé : Vrais principes sur Dieu. Il se mit à le lire avec toute l’attention possible, mais bien des choses étaient peu claires et incomplètes, et il ne put encore apprendre ce qu’il désirait. Plus avide que jamais d’avoir la solution complète de toutes ses difficultés, il fit de nouveaux efforts pour trouver des chrétiens, et Dieu, qui voyait la droiture de ses intentions, et la soif ardente de vérité qui dévorait son cœur, permit enfin, après mille recherches, qu’il en rencontrât. C’était en l’année kiei-mi (1823), La lumière se fait facilement dans les âmes de bonne volonté ; aussi à peine Augustin eut-il entendu quelques explications orales, et lu les livres procurés par les chrétiens, que la religion lui parut claire et certaine. Après quelques jours d’étude, aucun doute ne lui resta dans l’esprit ; Dieu lui accorda le don inestimable de la foi, et il se mit de suite à la pratiquer avec assiduité.

Tel était l’homme que la Providence allait associer à Paul Tieng et à ses compagnons, dans leurs tentatives pour se procurer enfin des pasteurs. Interprète du gouvernement par fonction, il lui était facile de faire la route de Péking ; sa charge le mettait