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Là, de nouvelles épreuves l’attendaient. Les habitants de ce lieu la poursuivirent de plaisanteries et de sarcasmes sur la cause de son exil ; on ne lui épargna ni les vexations, ni les mauvais traitements, ni les injures. Madeleine n’en continua pas moins la pratique fidèle de sa religion, et supporta tout avec une patience invincible, acceptant d’un cœur soumis et content ce que permettait la volonté de Dieu. Comme elle ne savait pas lire, elle comptait les jours et faisait les exercices du dimanche, sans pouvoir observer les autres fêtes dont elle ne connaissait pas la date. Elle passa ainsi quatre ans, après lesquels une maladie dont elle portait le germe depuis longtemps, la reprit avec violence. Sentant sa fin approcher, elle prit son chapelet, se mit à genoux pour prier, et rendit son âme à Dieu dans cette position, le 12 de la onzième lune de l’année kieng-in (1830), à l’âge de cinquante-trois ans.

Après cette fidèle servante de Dieu, nous mentionnerons André Kini To-mieng-i. Né au district de Mien-t’sien, de parents chrétiens, il fut dès l’enfance docile à leurs instructions, et fit de rapides progrès dans la piété. Pris à la deuxième lune à Sin-tsiek, district de Sioun-tsiong, et conduit au juge criminel de Tsien-tsiou, il refusa constamment d’apostasier et de dénoncer ses frères dans la foi, et malgré la torture et les menaces de mort, resta inébranlable jusqu’à la fin. Il n’est pas absolument certain qu’il ait été condamné à mort. On le laissa languir en prison, où il mourut sans avoir jamais laissé paraître un signe de faiblesse et de découragement, un peu après 1832, à l’âge de cinquante et quelques années.

Nous trouvons ensuite Jean-Baptiste Ni Seng-tsi, de la branche des Ni de Ham-pieng. Descendant d’une famille de mandarins militaires, il habitait le village de Nap-heun-moi, au district de Tek-san, et ne fut instruit du christianisme qu’à l’âge de vingt-quatre ans. L’aîné de trois frères, et chargé de la conduite de la maison, il comprit de suite que, dans son propre pays, au milieu de ses nombreux parents païens, le culte des tablettes et les autres superstitions lui seraient un grand empêchement dans le service de Dieu. Il en sortit donc avec toute sa famille et se retira dans les montagnes, afin de pouvoir observer librement les préceptes de l’Évangile. Son petit avoir fut en peu d’années complètement épuisé, et toute la famille eut à souffrir de la faim et du froid. Aussi son père, demeuré païen, ne cessait de le quereller, de l’injurier, et de maudire cette religion qui les avait tous plongés dans la misère. Pour obtenir sa conversion, Jean-Bap-