Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/570

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j’espère seulement que Dieu me le pardonnera ; faites tous vos efforts pour payer le tout.

« Je ne puis écrire séparément à ma mère, copiez cette lettre et envoyez-la-lui. Les années qui vous restent ne seront pas longues et le bonheur éternel approche ; ne vous contristez pas trop et rencontrons-nous pour toujours près du Seigneur. L’ordre de me faire comparaître se fait entendre ; je termine donc ici.

« Le 15 de la cinquième lune.

« Votre mari,
« Paul Ni. »


Enfin, quelques jours avant sa mort, Paul écrivit une dernière lettre aux associés de la confrérie Mieng-to, ou confrérie de l’instruction chrétienne, dont il était un des principaux membres, peut-être même un des directeurs. Cette pieuse association, établie d’abord en Chine, avait été transportée en Corée, comme nous l’avons vu, par le P. Tsiou, dans le but de préparer et d’encourager les confrères à l’instruction des chrétiens et des païens. Voici cette lettre :

« Moi, très-grand pécheur, qui, pendant trente-six ans, ai passé vainement mon temps, et suis sans aucun mérite, je méritais bien d’être délaissé de Dieu et de la vierge Marie. Aujourd’hui, je suis appelé, par une faveur spéciale et tout extraordinaire. C’est, je n’en doute pas, un bienfait de Marie conçue sans péché, notre grande patronne qui, après m’avoir agrégé à la confrérie, fait découler sur moi cette grâce de premier ordre. Combien grandes ne sont pas la ferveur et les œuvres méritoires de tous les confrères ! Pour moi, honteux de moi-même et de mon indignité, en réfléchissant à la grandeur de mes péchés que le ciel et la terre ne peuvent contenir, je ne croyais pas pouvoir y prendre part. « Comment, me disais-je, pourrais-je bien me mêler à cette société ? » Ayant été, contre toute attente, jeté en prison pour la loi, je pense que l’intention de Marie m’est, par cela même, clairement révélée. Pour les autres confrères, qui sont si riches en mérite et en vertus, elle pourra bien, sans les faire passer par la prison, les faire parvenir au terme ; mais pour un pécheur comme moi, la bonne Mère a vu qu’il n’y avait pas d’autre moyen. Ô vous tous, remerciez-la pour moi.

« Comme j’ai été saisi tout à fait à l’improviste, vous en aurez tous été stupéfaits et dans une grande inquiétude. De mon