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amour pour Dieu. À la fin il fut condamné à mort et reconduit à la prison.

Ces quatre confesseurs furent bientôt rejoints dans les cachots de Tai-kou, par deux autres non moins intrépides, André Ni et Ambroise Kim, que nous allons maintenant faire connaître.

André Ni Tsiong-ir-i, originaire du district de Hong-tsiou, avait un caractère ferme, droit et charitable qui le faisait remarquer et estimer de tous. Il ne fut instruit de la religion qu’à l’âge de vingt et quelques années, mais sa conversion fut tellement sincère et complète que, ne se trouvant pas dans sa propre patrie assez libre de pratiquer sa foi comme il le désirait, il quitta sa famille, son avoir et ses proches, et se retira dans les montagnes. Forcé par les circonstances d’émigrer successivement en diverses provinces, il eut bientôt dépensé le peu qu’il avait emporté avec lui, et dut soutenir son existence par le travail de ses mains. La résignation d’André au milieu de la pauvreté et des privations qui en sont la suite, sa charité envers tous, sa patience à supporter les injures, sa réserve dans toutes ses paroles, le soin qu’il prenait de l’instruction et de l’éducation de sa famille, et tant d’autres vertus qui brillaient en lui, excitaient l’admiration de tous. Quoiqu’il fût très-occupé par les soins qu’exigeait l’entretien de sa maison, jamais il ne voulut rien relâcher de son application assidue et incessante à la prière et aux lectures pieuses.

Lorsque la persécution s’éleva en 1827, il se prépara au martyre par la fuite des sociétés mondaines et par un redoublement de ferveur. Il encourageait les siens en disant : « Il faut que chacun de nous se prépare à souffrir la mort, et toutefois, ne connaissant pas les desseins de Dieu, nous devons chercher à échapper aux persécuteurs si nous le pouvons. »

Il vivait à Kom-tsik-i, au district de Sioun-heng, où les satellites vinrent le saisir. Il les reçut avec allégresse et fut conduit au tribunal d’An-tong. Le juge lui demanda : « Est-il vrai que tu suives une mauvaise doctrine ? — Le Dieu du Ciel, répondit André, est le créateur de toutes choses ; il est le grand roi qui gouverne tout, le père suprême qui nourrit tous les hommes ; c’est lui qui récompense le bien et punit le mal. Le devoir de tout homme étant de l’adorer, je l’adore et le sers. Quant à une mauvaise doctrine je n’en connais pas. — Tu réponds bien insolemment, cria le mandarin, apostasie de suite. » Et il le fit battre cruellement. André, d’un visage calme et d’un ton de voix ferme, dit alors : « Dix mille et dix mille fois je ne puis renoncer à mon Dieu. Veuillez ne plus m’interroger là-dessus. » Le mandarin