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piqué fit continuer les supplices pendant plusieurs jours ; mais l’amour de Dieu soutint André jusqu’au bout. Il fut envoyé ensuite au tribunal du gouverneur, qui lui dit : « On m’assure que tu ne veux pas abjurer. Nous allons voir. » Et il lui fit subir, par trois fois, des tortures atroces, mais en vain. On essaya ensuite de le gagner par des caresses et par la douceur, mais tous les moyens étant inutiles, il fut à la fin condamné à mort et consigné à la prison avec les autres confesseurs.

Ambroise Kim Koun-mi, nommé aussi En-ou, descendait d’une famille d’interprètes de la capitale, et était parent éloigné de Thomas Kim, confesseur de la foi en 1783. À peine la religion fut-elle introduite en Corée, qu’il l’embrassa de toute l’ardeur de son âme, et la fit connaître à sa femme et à ses enfants. Mais ceux-ci ne l’écoutèrent point et non contents de ne pas l’imiter, cherchèrent par mille vexations à le ramener à l’idolâtrie. Sa femme surtout, d’un caractère violent et acariâtre, ne lui laissait aucun repos ; elle voulait, entre autres choses, l’empêcher d’observer les jeûnes et abstinences de l’Église, et disait souvent, à haute voix, force injures contre la religion. Ambroise, fatigué de tant d’importunités, prit le parti de quitter sa maison, et faisant ses adieux à sa famille, peu après 1791, s’en alla trouver les chrétiens de la province, vivant tantôt chez l’un et tantôt chez l’autre, instruisant tous ceux qui voulaient l’entendre, et copiant des livres de religion, pour gagner sa vie. Il eut le bonheur de voir le P. Tsiou, près duquel il paraît même être resté quelque temps, et y affermit sa foi et sa vertu. N’ayant pas de domicile, il se retirait de temps en temps dans les montagnes, pour vaquer plus tranquillement à ses exercices de piété. Il aimait surtout à catéchiser les enfants, et ne cessait d’exciter chacun à la pratique des vertus, plus encore par ses exemples que par ses paroles. Chaque nuit, même dans les grands froids de l’hiver, il se levait à minuit pour se livrer à la prière. Très-sobre dans sa nourriture, il s’était prescrit des limites étroites qu’il ne dépassa jamais, quelle que fût la qualité bonne ou mauvaise des mets qu’on lui présentait.

Ambroise avait échappé aux persécutions de 1801 et de 1815. En 1827, tous les chrétiens de sa connaissance étaient en fuite, et, chaque jour amenant la prise de plusieurs d’entre eux, le maître de la maison où il s’était réfugié alla se cacher chez un païen. Ambroise, qui ne savait plus de quel côté diriger ses pas, et ne voyait aucun moyen de se soustraire aux poursuites, prit la résolution de se livrer lui même. Il se rendit donc à la ville d’An--