Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et ses fournitures. Hélas ! le père du jeune élève n’était pas même en état de suffire à cette petite dépense. Le bon curé de Cabriès fut obligé d’abord de venir à son aide, mais il n’eut pas longtemps à supporter cette charge.

Laurent, plein de joie et de reconnaissance, s’appliquait à tous ses devoirs avec une incroyable activité. La prière, l’étude et le travail des mains remplissaient tous ses instants ; ses condisciples ne se souviennent pas qu’il ait joué une seule fois. Ayant vu les frères de la maison tordre du fil de fer pour confectionner des chapelets, il voulut faire comme eux. Il apprit donc à faire des chapelets et, dès lors, s’appliqua sans cesse à ce travail. Pendant les récréations, pendant ses moments libres, tout en apprenant sa grammaire et ses auteurs classiques, en allant au collège et en revenant à la maison, il avait toujours le fil de fer roulé autour du bras et les pinces à la main. Ces chapelets il les vendait, et du produit de cette vente il payait ses livres, ses cahiers, ses vêtements ; et le surplus, car il savait trouver du surplus, il l’envoyait à son père, déjà avancé en âge et à peu près hors d’état de travailler. Ce n’était pas assez, il redoubla d’ardeur, il perfectionna son travail, il fit venir de Lyon du fil d’argent, de belles médailles, et se mit à fabriquer des chapelets de prix. Il envoya ses produits jusqu’à la foire de Beaucaire, et trouva ainsi le moyen d’assurer à son père une petite rente régulière de quinze francs par mois.

Ce travail manuel n’empêchait pas le jeune Imbert de faire de bonnes études et d’être fidèle à tous ses exercices de piété. Ses humanités terminées, il obtint le grade de bachelier ès lettres, et passa au grand séminaire d’Aix pour y faire sa théologie. Il avait déjà formé dans son cœur la résolution d’aller prêcher la foi aux infidèles, et la pensée des missions ne le quittait plus. Pour endurcir son corps aux fatigues de l’apostolat, il s’imposait diverses privations, s’exposait au froid et à la chaleur, et vivait dans une mortification continuelle. Il continuait toujours à faire des chapelets, car c’était l’unique moyen de se procurer l’entretien nécessaire et d’aider son vieux père. Lorsqu’il acheva ses études de théologie, Laurent n’avait pas encore l’âge requis pour le sous-diaconat. Il fut appelé dans une riche et honnête famille de Givors, pour servir de précepteur aux enfants de la maison. Il s’y fit aimer comme au séminaire, et dut y laisser un souvenir bien cher, car, toute sa vie, ses anciens élèves continuèrent de correspondre avec lui.

Toutefois, la pensée des missions ne le quittait point. Cette voix mystérieuse et puissante, que l’on nomme la vocation, se fai-