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sait entendre dans son âme d’une manière de plus en plus distincte, et, après quelque temps, le jeune Imbert quitta Givors pour aller faire une retraite à la Trappe d’Aiguebelle, près de Montélimar. Là il consulta la volonté de Dieu, dans le silence et la prière et dans de longues conférences avec le saint abbé du monastère, à qui il se fit entièrement connaître. Ce vénérable directeur reconnut facilement l’appel de Dieu dans les désirs ardents du jeune lévite, et l’adressa lui-même au séminaire des Missions-Étrangères. M. Imbert y arriva le 8 octobre 1818 ; il n’avait pas encore vingt-deux ans. Il reçut le sous-diaconat le 27 mars 1819, et fut ordonné prêtre à la fin de la même année, le 18 décembre, avec dispense d’âge. Destiné à la mission du Su-tchuen, il quitta Paris le 20 mars 1820, et s’embarqua à Bordeaux le 1er mai suivant.

Diverses circonstances rendirent son voyage extrêmement long. Retenu d’abord pendant plusieurs mois à l’île de la Réunion, puis au Bengale, il ne put arriver au séminaire de Poulo-Pinang que le 19 mars 1821. Le directeur des études de cet établissement, M. Mouton, venait de mourir, et le nouveau missionnaire dut le remplacer pendant quelques mois dans l’enseignement du latin et de la théologie. Le 2 décembre suivant, il partit pour Macao sur un navire anglais, qui n’arriva à destination que le 10 février 1822. La route directe du Su-tchuen, à travers la Chine, étant alors complètement fermée, après quelques jours de repos il s’embarqua pour la Cochinchine, où il resta cinq ou six mois. De là il passa au Tong-king où il fut forcé de demeurer pendant plus de deux ans, administrant les chrétiens avec un zèle infatigable, et cherchant toujours le moyen de pénétrer dans sa mission par la province chinoise du Yun-nan. Il y réussit enfin, avec l’aide de Dieu, et arriva auprès de Mgr Perrocheau, alors coadjuteur du Su-tchuen, en mars 1825 ; il y avait cinq ans qu’on l’attendait.

M. Imbert resta plus de douze ans dans cette mission. Nous ne raconterons pas ici ses travaux pour administrer régulièrement d’immenses districts, sa patience dans les maladies et les persécutions, son zèle éclairé dans la fondation d’un séminaire à Mo-ping, sur les frontières du Thibet, les beaux exemples de vertu et de zèle qu’il ne cessa de donner. Tous ces détails édifiants appartiennent plutôt à l’histoire de l’Église de Chine. Arrivons de suite au vicaire apostolique de Corée.

Quand fut reçue au Su-tchuen la lettre du séminaire des Missions-Étrangères, annonçant l’offre que la sacrée Congrégation