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Après trois mois donnés à l’étude de la langue du pays, Mgr Imbert fut en état d’entendre les confessions. Plus de trois cents chrétiens se confessèrent à lui pour les fêtes de Pâques, et reçurent les sacrements de sa main. Au mois de mai, MM. Maubant et Chastan, ayant terminé la visite des chrétientés des provinces, vinrent l’aider pendant quelques semaines à prendre soin de celle de la capitale, qui comptait alors plus de mille néophytes. Au mois de novembre, les trois missionnaires ensemble avaient baptisé, depuis l’arrivée de Monseigneur, mille neuf cent quatre-vingt-quatorze adultes. L’œuvre du baptême des enfants infidèles en danger de mort, jusque-là peu connue en Corée, prenait aussi des développements ; on en fit sentir l’importance aux chrétiens, et surtout aux catéchistes. Dans les huit premiers mois, sur cent quatre-vingt-douze enfants païens ainsi baptisés, cent cinquante-quatre s’étaient déjà envolés au ciel.

L’église de Corée, après ses longs désastres, reprenait donc une nouvelle vie ; la grâce de Dieu y devenait de plus en plus féconde, et le nombre des chrétiens augmentait rapidement. De moins de six mille qu’ils étaient à l’arrivée de M. Maubant, ils se trouvaient neuf mille à la fin de 1838.

Ces résultats si consolants étaient obtenus au prix de travaux pénibles et continuels. « Je suis accablé de fatigue, écrivait Mgr Imbert, et je suis exposé à de grands périls. Chaque jour je me lève à deux heures et demie. À trois heures j’appelle les gens de la maison pour la prière, et à trois heures et demie commencent les fonctions de mon ministère, par l’administration du baptême s’il y a des catéchumènes, ou par la confirmation ; viennent ensuite la sainte messe, la communion, l’action de grâces. Les quinze à vingt personnes qui ont reçu les sacrements peuvent ainsi se retirer avant le jour ; dans le courant de la journée, environ autant entrent, un à un, pour se confesser, et ne sortent que le lendemain matin après la communion. Je ne demeure que deux jours dans chaque maison où je réunis les chrétiens, et avant que le jour paraisse je passe dans une autre maison. Je souffre beaucoup de la faim, car après s’être levé à deux heures et demie, attendre jusqu’à midi un mauvais et faible dîner d’une nourriture peu substantielle, sous un climat froid et sec, n’est pas chose facile. Après le dîner je prends un peu de repos, puis je fais la classe de théologie à mes grands écoliers, ensuite j’entends encore quelques confessions jusqu’à la nuit. Je me couche à neuf heures sur la terre couverte d’une natte et d’un tapis de laine de Tartarie ; en Corée il n’y a ni lits, ni matelas. J’ai toujours,