Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/193

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Les corps des martyrs demeurèrent exposés pendant trois jours, et furent ensuite ensevelis dans le sable, sur la rive du fleuve. Il tardait aux néophytes de recueillir ces restes précieux, mais les satellites déguisés faisaient la garde de tous côtés. Le quatrième jour après l’exécution, trois chrétiens ayant essayé de les retirer, l’un d’eux fut saisi et jeté en prison ; force fut d’attendre plus longtemps. Une vingtaine de jours plus tard, sept à huit chrétiens, décidés à braver la mort s’il le fallait, firent une nouvelle tentative et réussirent à enlever les corps. Après les avoir déposés dans un grand coffre, on les enterra sur la montagne No-kou, à une trentaine de lys de la capitale, et c’est là qu’ils sont encore aujourd’hui, les circonstances n’ayant pas permis de les transporter dans un lieu plus convenable.

Ainsi moururent ces trois courageux apôtres de Jésus-Christ. Mgr Imbert était le premier évêque qui eût jamais mis le pied en Corée, ses confrères les premiers missionnaires qui se fussent dévoués à la rédemption des Coréens. Ne convenait-il pas que leurs têtes tranchées par le glaive fussent placées dans les fondations de l’Église coréenne ? que leur sang cimentât les pierres de ce nouvel édifice ? Leur vie et leur mort ont été un grand exemple pour leurs pauvres néophytes, un grand exemple aussi pour leurs successeurs. Nous verrons plus tard avec quelle persévérante fidélité, avec quel inébranlable courage, cet exemple a été suivi. Ce noble sang versé par la main du bourreau est un gage de succès pour l’avenir. Saint Paul disait : Cum infirmor, tunc potens sum, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. Il importe de le répéter avec lui : quand on nous croit vaincus, c’est alors que notre triomphe est proche ; quand nous sommes méprisés, honnis, persécutés, massacrés, anéantis, c’est alors que nous sommes sûrs de la victoire.