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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/352

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Dieu qui nous a prédestinés à porter du fruit dans l’humilité et dans une grande patience, par la ressemblance avec son Fils bien aimé le Seigneur Jésus-Christ. Ce que nous souffrons est bien peu de chose pour obtenir les grâces de la divine miséricorde. Combien de saints ont offert à Dieu de ferventes prières, de grands sacrifices, de longues et pénibles mortifications pendant dix, vingt, trente et quarante ans, pour la conversion d’un seul pécheur ou pour obtenir une grâce particulière ! Quand je jette les yeux sur ces exemples, je ne sais plus quel est l’esprit qui m’anime. C’est peut-être à cause de ma grande négligence à recourir au secours divin ; c’est à cause de mes innombrables péchés, et de ma trop grande confiance dans les hommes, que Dieu n’exauce pas vos prières ; c’est moi qui fais obstacle à la divine miséricorde. Ô mon Seigneur Dieu très-bon, jetez-moi dans le fond de la mer si je suis la cause de votre colère, et ayez pitié de vos serviteurs ! Que votre très-sainte volonté seule s’accomplisse sur moi, en moi, par moi et avec moi ! »

Lorsque Thomas traçait ces lignes qui nous font connaître sa belle âme, il était prêtre depuis quelques jours. Son ordination eut lieu à Chang-haï, le dimanche de Quasimodo de l’année 1849. C’est Mgr Maresca, vicaire apostolique de la mission du Kiang-nan qui lui imposa les mains.

Fortifié par la grâce du sacrement et par l’oblation du divin sacrifice, Thomas partit au mois de mai pour le Léao-tong, afin de préparer une nouvelle tentative. Il passa sept mois dans cette province, sous les ordres de M. Berneux, provicaire de Mandchourie, s’occupant à visiter les malades, à faire des instructions les dimanches et fêtes, à catéchiser les enfants et à administrer quelques chrétientés voisines. Il se formait ainsi au saint ministère, et acquérait tous les jours plus d’expérience. M. Maistre arriva lui-même au Léao-tong, le 3 novembre, pour l’accompagner, et ils se mirent en chemin quelques semaines plus tard. Ce voyage offrait moins de chances de succès que les précédents ; mais le cœur de Thomas était rempli de confiance. Plus il se voyait dépourvu des moyens humains, plus il comptait sur Dieu, et cette fois son espoir ne fut pas déçu.

Voici comment il racontait l’année suivante, dans une lettre à M. Legregeois, son entrée en Corée et ses premiers travaux :

« Au mois de décembre, comme me l’avait mandé Mgr Ferréol, je pris la route de Corée pur Pien-men. Le P. Maistre vint avec moi jusqu’à cette ville, quoiqu’il n’y eût pas grand espoir de le faire entrer, mais enfin il voulait profiter de l’occasion si