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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/372

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qui forment de loin un coup d’œil passable. Les nobles sont habillés d’une sorte dérobe dans le genre arabe. Les armes sont des fusils, des lances et des arcs, qui ont l’air en assez mauvais état, le fer en est bien rouillé. La musique se composait en grande partie, du moins d’après ce que j’ai pu apercevoir, de flûtes, de clarinettes et de trompettes à longs tubes, mais comme les artistes soufflent dans leurs instruments sans ordre ni mesure, et ne sortent pas de quelques notes combinées pour empêcher la trop grande cacophonie, le tout produit une sensation peu agréable. »

Après avoir fait une retraite de quelques jours, M. Daveluy, quitta la capitale dans le mois de novembre, et retourna auprès des séminaristes, dont il devait encore être chargé jusqu’à sa guérison.

À cette époque éclatait dans la province septentrionale une révolte menaçante. On se crut à la veille d’une guerre civile. Le gouvernement vint à bout, tant bien que mal, de dissiper l’orage, mais on ne put prendre aucun des chefs, ni découvrir les dépôts d’armes que les insurgés possédaient dans les montagnes. Quelques mois après, une autre révolte bouleversa la province de l’Est, et menaça un instant l’existence de la dynastie. Le peuple, loin de craindre ces révolutions, les désirait et semblait devoir y prêter la main ; car le nouveau roi, depuis qu’il avait été émancipé et avait pris en mains la conduite des affaires, montrait une incapacité désolante, et surpassait son prédécesseur en prodigalités et en débauches. Les intrigants qui régnaient sous son nom, ne cherchaient qu’à s’enrichir par le pillage effronté de tous les revenus publics, et par de continuelles augmentations d’impôts. La masse du peuple, écrasée et ruinée, ne voyait plus dans les princes que des brigands, des sangsues, et appelait de ses vœux le changement que les livres sibyllins du pays annonçaient, disait-on, pour ce temps-là même.

Au milieu des agitations et des troubles, les missionnaires poursuivaient leur œuvre, mais ils étaient trop peu nombreux pour suffire à tous les besoins. Sans cesse ils priaient Dieu d’ouvrir la voie à de nouveaux confrères, et Dieu, pour éprouver et purifier leur foi, semblait sourd à toutes leurs instances, et depuis plusieurs années chaque tentative échouait. En 1847, la barque envoyée par Mgr Ferréol s’était brisée sur les rochers avant d’arriver à l’île Ko-koun-to, où se trouvaient M. Maistre et Thomas T’soi ; en 1848, une autre barque les avait vainement attendus auprès de la même île ; en 1849, les deux voyageurs