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avaient été reconduits malgré eux à Chang-haï par leur pilote, avant l’arrivée de la barque des chrétiens ; en 1850, les courriers qui amenèrent le P. Thomas par Pien-men, n’osèrent pas introduire M. Maistre avec lui ; mais ces déceptions réitérées ne lassaient point la confiance des apôtres.

M. Maistre, revenu au Léao-tong, préparait une nouvelle expédition pour la fin de l’année. Son zèle ne lui permit pas de rester inactif pendant les quelques mois qui devaient s’écouler avant l’époque marquée. N’ayant plus avec lui Thomas T’soi dont l’éducation sacerdotale avait jusqu’alors occupé ses longues années d’attente, il alla, de l’avis de M. Berneux, provicaire apostolique de Mandchourie, explorer quelques îles de l’archipel Potorki, distantes du continent d’une trentaine de lieues. Voici ce qu’il écrivait à M. Berneux à son retour : « J’ai visité les divers points de Hai-iang, où l’on compte une dizaine de villages et des maisons isolées. La population peut être estimée à environ mille cinq cents habitants, dont la moitié seulement vit en famille. Le reste se compose de vagabonds, d’exilés et d’aventuriers de toute sorte, livrés à tous les excès, au jeu surtout, et à l’ivrognerie. Du sommet de Hai-iang, on aperçoit tout l’archipel, dont la population totale se monte, assure-t-on, à dix mille personnes. Il n’y a pas de mandarins, mais dans chaque île une espèce de maire. Les insulaires qui vivent en famille m’ont paru simples, hospitaliers ; les vagabonds eux-mêmes n’ont rien de sauvage et de féroce comme dans le nord de la Tartarie. Si l’on veut leur prêcher l’Évangile avec fruit, il est indispensable de s’installer chez eux, et l’établissement d’une telle mission offrira sans doute bien des obstacles et demandera bien des sacrifices. »

Nul doute que M. Maistre n’eût accepté lui-même avec joie cette tâche difficile, si telle eût été la volonté de Dieu, mais il était destiné à la Corée, son devoir était d’y pénétrer, et toute son énergie était tournée vers ce but unique. En 1851, il fut rejoint par un nouveau confrère, que le séminaire des Missions-Étrangères envoyait au secours des missionnaires de Corée. C’était M. François Stanislas Jansou, du diocèse d’Alby. M. Maistre écrivit aussitôt à Mgr Ferréol pour lui annoncer qu’à la première lune de l’année suivante, il viendrait avec M. Jansou sur une barque chinoise à un endroit déterminé des côtes de Corée. Cette lettre fut portée à Pien-men par des courriers chinois, avec toutes les autres lettres adressées à Mgr Ferréol et à M. Daveluy. Chaque année, un ou deux chrétiens coréens venaient à la suite de l’ambassade de Péking, portant les lettres des missionnaires