Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/376

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tiens se fit avec beaucoup de difficultés et d’une manière très-incomplète. Néanmoins, les consolations ne manquèrent pas aux missionnaires, et de nombreux exemples de foi courageuse vinrent ranimer la ferveur des néophytes. M. Daveluy parle, entre autres, d’une jeune femme païenne qui, cette année-là, entendant parler de la religion par sa mère nouvellement convertie, voulut aussi l’embrasser, et se fit instruire à l’insu de son mari. Celui-ci ayant rencontré un jour dans sa maison un catéchisme, le brûla aussitôt, et battit cruellement sa femme. Elle prit la fuite, mais les chrétiens lui ayant dit que la religion défend à une femme de quitter ainsi son mari, et qu’en pareil cas, on doit tout souffrir pour Dieu, elle revint à la maison. Pendant plusieurs mois elle vécut dans de continuelles tortures. Souvent son mari la frappait à grands coups de bâton ; elle se contentait de répondre : « Frappe tant que tu voudras, je suis chrétienne et le serai toujours. Tu peux me tuer aujourd’hui même si tu veux, mais jamais tu ne me feras abandonner la vraie religion. » Cette angélique patience finit par lasser la fureur de son bourreau qui la laissa, à la fin, libre de faire ce qu’elle voudrait. Elle se hâta d’apprendre les prières et reçut le baptême des mains du prêtre.

De son côté le P. T’soi rapporte le fait suivant : « Un nouveau converti, appartenant à la plus haute noblesse, vient d’être tout récemment l’objet d’un vrai miracle de la miséricorde divine. Souvent il avait entendu parler du christianisme comme d’une doctrine impie et séditieuse. Non loin de sa demeure, dans la vallée du Meng-he-mok-i, vivaient plusieurs chrétiens. Il voulut, on ne sait pourquoi, se bâtir une maison tout près de leurs habitations. À son arrivée, le village chrétien fut entièrement dévoré par l’incendie. Tso (c’est le nom du converti) accourut consoler les malheureux néophytes dans une si grande infortune ; mais étonné et saisi d’admiration à la vue du calme empreint sur tous les visages, il demanda la cause de cette étrange résignation. Après plusieurs réponses évasives, qui étaient loin de satisfaire sa curiosité, les habitants furent forcés d’avouer qu’ils étaient chrétiens, qu’en cette qualité, ils regardaient tous les événements comme des effets de la volonté de Dieu et que, pleins de confiance en sa bonté paternelle, ils se contentaient d’adorer sa providence infiniment sage.

« Ces paroles suffirent pour porter la joie et la lumière dans le cœur de Tso. Dès ce jour, il se mit à apprendre le catéchisme et à pratiquer notre sainte religion pour devenir un parfait chrétien. Mais que d’obstacles à vaincre ! Les tablettes vénérées des