Aller au contenu

Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jonque qui portail les missionnaires, cette barque dut retourner en Corée, et annoncer à Mgr Ferréol un nouvel insuccès.

Ce retard était d’autant plus fâcheux que le prélat, épuisé par les travaux et les fatigues des années précédentes, venait de tomber dangereusement malade à la capitale. Une demi-journée suffit pour le réduire à l’extrémité. Le P. Thomas averti par les chrétiens, vint aussitôt auprès de son évêque ; lorsqu’il arriva la crise était passée, le malade allait mieux, et après quelques jours, le prêtre indigène put reprendre son administration. La maladie cependant recommença bientôt avec une nouvelle force et lit des progrès effrayants. M. Daveluy accourut à son tour auprès du vénérable malade. Il lui administra les sacrements, et pendant plusieurs jours, il s’attendait à chaque instant à recevoir son dernier soupir.

Au milieu de ces préoccupations, M. Daveluy apprit qu’on parlait d’un nouveau rendez-vous donné par M. Maistre, pour la quatrième lune. Il fit, à la hâte, préparer une nouvelle expédition qui revint après deux mois d’attente et de recherches, sans avoir rencontré personne.

Le jour de la Fête-Dieu, l’évêque était moins souffrant : il put, encore une fois, offrir le saint Sacrifice, assisté par son cher missionnaire. Ce jour-là même, M. Daveluy quitta la maison pour visiter quelques chrétiens de la capitale ; mais il avait à peine commencé les confessions, lorsqu’on vint le prévenir que la maladie reparaissait avec plus de violence que jamais. Elle était causée par la présence, dans la région du cœur, d’un dépôt très-dur et assez considérable que l’on sentait monter et descendre. Des vomissements affreux et continuels empêchaient alors le malade de prendre aucune nourriture, et le réduisaient à un tel état d’abattement qu’on s’attendait, à chaque minute, à le voir mourir. Après ces crises, il paraissait mieux pendant quelques jours, mais le mal reprenait bientôt le dessus. Les médecins chrétiens les plus accrédités furent appelés, on consulta même des médecins païens ; mais tous les remèdes étaient inutiles. Pendant plusieurs mois, M. Daveluy fut dans une alternative continuelle de crainte et d’espérance. Tantôt auprès de son évêque, tantôt auprès des jeunes élèves qu’il élevait pour la cléricature, tantôt visitant, malgré sa faible santé, les chrétiens dont le prélat ne pouvait plus prendre soin, il était en proie à une grande inquiétude, et croyait chaque jour voir arriver le moment où il demeurerait seul chargé de la mission coréenne.

Pendant la maladie de Mgr Ferréol, l’administration des chré-