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À la fin cependant, ayant reçu du domestique de Mgr Ferréol une lettre plus alarmante, M. Daveluy crut devoir enfreindre les ordres de son évêque, et hâta sa marche vers la capitale. Lorsqu’il arriva à la petite maison qui servait de résidence épiscopale, le 5 février, il trouva tout le monde dans les larmes. Monseigneur Ferréol était mort le 3 février 1853, vers les dix heures du soir, après une courte agonie moins pénible que ne l’avaient été plusieurs accès de sa maladie. Le dernier jour de sa vie, il avait senti que sa fin était proche, et avait regretté de n’avoir pas M. Daveluy auprès de lui. Il n’était âgé que de quarante-cinq ans.

Il fallait cacher cette mort aux païens du voisinage. Dès le soir de son arrivée, M. Daveluy revêtit le corps du vénérable défunt des habits sacerdotaux, avec quelques insignes de la dignité épiscopale, et, vers minuit, on le transporta secrètement dans une autre maison plus retirée. Le lendemain matin, le missionnaire célébra le saint Sacrifice en présence du corps de son évêque. Il le plaça ensuite dans un cercueil en bois de pin, qui fut recouvert extérieurement d’une couche épaisse de vernis, sur laquelle ont inscrivit les noms et qualités de l’évêque de Belline. Le tout fut enfermé, selon l’usage du pays, dans un autre cercueil plus léger destiné à protéger le vernis. La neige et les glaces ne permettant pas de faire immédiatement l’inhumation, le cercueil fut confié à un bon chrétien qui en demeura chargé pendant deux mois, et ce ne fut que le 11 avril, pendant la nuit, que M. Daveluy put rendre les derniers devoirs à son évêque. Mgr Ferréol avait témoigné le désir d’être enterré auprès de Mgr Imbert, son prédécesseur, ou auprès du prêtre indigène André Kim. L’opposition de quelques païens ayant rendu le premier endroit d’un accès difficile, c’est auprès du martyr André, au village de Miri-nai, à quinze lieues de la capitale, que fut inhumé le troisième vicaire apostolique de la Corée.

Il est inutile de faire ici l’éloge de Mgr Ferréol. Tout ce que nous avons raconté de lui jusqu’à présent, suffit pour faire connaître ses travaux, pour faire apprécier son zèle et ses vertus apostoliques. Il se montra, en tout et toujours, digne de ses héroïques prédécesseurs. Au moment où il acceptait la charge épiscopale, il avait dit : « Des deux premiers évêques envoyés en Corée, l’un meurt à la frontière sans pouvoir y pénétrer, le second n’y prolonge pas ses jours au delà de vingt mois. Qu’en sera-t-il du troisième ? » Le troisième, après dix ans de voyages, de privations, de travaux et de souffrances, devait mourir dans la force de