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répondit aux mensonges des mandarins qui niaient avoir jamais entendu parler de Français et de missionnaires, par la menace d’aller mouiller devant la capitale. Quelques jours après, le 17 mars, les cinq confesseurs étaient à bord de l’Héroïne, qui mit immédiatement à la voile.

À peine délivrés, les missionnaires firent de pressantes sollicitations au commandant, pour obtenir d’être déposés sur un point de la côte de leur patrie adoptive, et de retourner à leurs travaux apostoliques. M. Lévêque refusa d’y consentir, et leur déclara qu’ayant promis, au nom du gouvernement français, qu’ils ne rentreraient ni dans le Tong-king ni dans la Cochinchine, il entendait les ramener en France et les remettre au gouvernement français. Il dut néanmoins laisser à Syngapour MM. Miche et Duclos, dont la santé affaiblie ne pouvait supporter un plus long voyage sur mer.

Arrivé à Bourbon, M. Berneux réitéra auprès du gouverneur les instances qu’il avait inutilement faites auprès du commandant Lévêque, et cette fois fut plus heureux. Après bien des difficultés, le gouverneur l’autorisa à aller en Chine, à condition de ne jamais rentrer au Tong-king. Le 22 juin, il remercia une dernière fois le commandant de l’Héroïne des soins attentifs qu’il n’avait cessé de prodiguer aux missionnaires pour leur faire oublier leurs souffrances, il fit ses adieux à ses confrères, et s’embarqua sur la frégate la Cléopâtre, qui partait pour Syngapour[1]. À Syngapour, il passa sur la corvette l’Alcmène, et aborda enfin à Macao, le 23 août. M. Berneux attendit deux mois sa nouvelle destination ; il avait quelque espoir d’être envoyé en Corée, mais on préféra le diriger sur la nouvelle mission de Mandchourie, dont Mgr Verrolles avait pris possession comme premier vicaire apostolique en 1841, et où les missionnaires européens faisaient presque complètement défaut.

M. Berneux se rendit de Macao à l’île de Hong-kong qui commençait à être le centre des relations commerciales des Européens avec la Chine, et de là, le 9 novembre, partit pour Chusan

  1. MM. Galy et Charrier rentrèrent en France, et arrivèrent à Paris le 15 novembre 1843. Ils obtinrent, après un séjour de quelques mois, de retourner dans leurs missions respectives. MM. Miche et Duclos purent y rentrer également. M. Duclos, arrêté de nouveau, mourut en 1847 dans les prisons du roi Thieu-tri. M. Galy est mort à Saïgon, en octobre 1869. M. Charrier est mort au séminaire des Missions-Étrangères, en janvier 1871. Mgr Miche, le seul survivant de ces confesseurs, est aujourd’hui vicaire apostolique de la Cochinchine occidentale, devenue la Cochinchine française.