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espoir de guérison), et que dans deux ans la religion chrétienne sera florissante dans le royaume.

« Nous devons donc, Messieurs, remercier le Seigneur des bénédictions qu’il répand si abondamment sur ce pays, et le conjurer en même temps de nous les continuer. Les espérances que nous donne l’état actuel de la Corée sont fondées, mais une persécution générale pourrait les renverser, et cette persécution, nous en sommes menacés prochainement. La reine mère, qui nous protégeait un peu, vient de mourir. Le crédit des hommes qui partageaient sa modération tombe sensiblement, tandis que nos ennemis arrivent aux premières charges. Déjà une adresse a été présentée au roi, demandant qu’on recherchât les chrétiens ; les commissaires spéciaux, qui parcourent en ce moment le royaume, reçoivent de nombreuses listes, en tête desquelles les missionnaires figurent et où des villages entiers sont dénoncés. Déjà un vieillard de soixante-dix-huit ans vient d’être jeté en prison. Dans quelques semaines, au retour des commissaires, on délibérera au conseil royal sur le parti à prendre à notre égard. Dieu, qui tient en ses mains le cœur des rois, et sans la permission duquel un cheveu ne se détache pas de nos têtes, détournera peut-être les coups dont est menacé ce troupeau, qui déjà a tant souffert. Que s’il entrait dans ses adorables desseins qu’il fût encore frappé, et que nous fussions appelés à partager le sort de nos glorieux prédécesseurs, notre dernière bénédiction, Messieurs, serait pour vous et pour les pieux associés de votre sainte œuvre, auxquels nous n’avons cessé de donner chaque jour une grande part dans nos prières.

« Le résultat de nos travaux pour l’année 1856-1857, est : confessions annuelles, neuf mille neuf cent quatre-vingt-une : baptêmes d’adultes, cinq cent dix-huit ; baptêmes d’enfants de chrétiens, six cent deux ; baptêmes d’enfants de païens à l’article de la mort, huit cent quatre ; confirmations, deux cent vingt-six ; mariages, cent quatre-vingt-quinze ; extrêmes-onctions, deux cent dix-huit ; non confessés pour cause d’absence, cent quatre-vingt-un. Total de la population chrétienne, quinze mille deux cent six. »

On sera surpris peut-être d’apprendre que le même courrier qui portait cette lettre de Mgr Berneux était chargé d’une autre lettre, dans laquelle le prélat suppliait la Sacrée Congrégation de la Propagande d’accepter sa démission de vicaire apostolique de Corée. Cette demande, on le pense bien, ne fut pas accueillie. Dieu réservait à son serviteur de plus longs combats couronnés