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et sept autres s’annoncent pour l’année prochaine. Une conversion, que vous connaissez sans doute, promet de grands résultats, parce que le doigt de Dieu s’y montre clairement.

« Il y a deux ans, un bateau coréen fut porté par une tempête dans les parages de Canton. Les hommes qui le montaient mouraient de faim, lorsqu’ils furent aperçus par un navire anglais. Un seul d’entre eux put être recueilli et conduit à Hong-kong, où se trouvait un de nos élèves coréens. Dans l’intention des hommes, ce jeune élève avait été envoyé de Pinang à Hong-kong pour rétablir sa santé ; mais la divine Providence voulait se servir de lui pour sauver une âme, et, avec elle, peut-être beaucoup d’autres. Instruit par cet élève, sous la direction de M. Rousseille, ce naufragé a été baptisé. Il est revenu heureusement cette année en Corée, où il a pu rencontrer M. Féron et le P. T’soi, qui l’ont muni de livres, et lui ont indiqué les moyens de se mettre en communication avec moi. Ce nouveau chrétien est de Quelpaert ; il est intelligent et d’une foi vive ; il ne doute pas que sa famille, environ quarante personnes, ne se convertisse entièrement. Daigne le Seigneur donner de l’accroissement à ce grain de sénevé ! »

Ajoutons de suite que Félix-Pierre (c’est le nom de ce converti) revint en Corée à la fin de 1860, pendant les fêtes de Noël, pour recevoir les sacrements. Il avait eu beaucoup à souffrir de la part des parents de ses compagnons de naufrage, qui l’accusaient de les avoir tous assassinés. Le mandarin eut le bon sens de le renvoyer de la plainte, en disant aux accusateurs : « Êtes-vous fous ? je comprendrais que six hommes en eussent assassiné un ; mais qu’un seul en ait tué six, c’est par trop fort. » Félix avait converti déjà une vingtaine de personnes, la plupart membres de sa famille. Il avait acheté une barque dont tous les matelots, excepté un qu’il espérait gagner plus tard, étaient catéchumènes. Un de ces derniers, nommé Kô, fut baptisé par M. Petitnicolas sous le nom de Pierre, et ainsi que Félix, voulut de suite s’enrôler dans l’œuvre de la Propagation de la Foi. Mgr Berneux leur avait promis de leur envoyer un missionnaire aussitôt que possible, mais il ne put tenir sa parole. En 1866, au fort de la persécution, Félix revint de nouveau en Corée, amenant au prêtre deux autres nouveaux convertis tout préparés au baptême. Il avait, dans l’intervalle, été jeté par un naufrage sur la côte du Japon, où il vit les missionnaires, entre autres le vicaire apostolique, Mgr Petitjean.

« Parmi nos catéchumènes, « continue Mgr Berneux, « un