Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/450

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apôtre ; les missionnaires un modèle de toutes les vertus apostoliques ; et moi, je perdais un ami dont les conseils m’ont été plus d’une fois utiles dans cette mission. Enfin, le 20 décembre, à 9 heures du soir, assisté de M. Petitnicolas, et au milieu d’un concours de plus de trois cents chrétiens, je déposai sa dépouille mortelle dans le tombeau qui lui avait été préparé sur le sommet d’une petite montagne. M. Maistre a laissé parmi nos chrétiens une réputation bien méritée de grande sainteté. Toutes les vertus dont il n’a cessé de nous édifier avaient leur principe dans un entier abandon à la volonté de Dieu, auquel, dès son entrée dans la carrière apostolique, il s’était donné sans réserve. Dieu seul connaît ce qu’il a eu à souffrir, pendant dix ans de courses incessantes et inutiles, pour entrer dans cette mission. Au milieu de tant et de si longues souffrances, son calme et son aménité ne se sont jamais démentis un instant ; au point que des hommes qui ne pouvaient comprendre tant de vertu, l’accusèrent de ne pas désirer sérieusement d’entrer en Corée. Toute la vie de M. Maistre se résume dans un mot qu’il me dit quelques instants avant sa mort. Je lui demandais s’il faisait volontiers à Dieu le sacrifice de sa vie ; recueillant alors le peu de forces qui lui restaient : « Je l’ai fait dès le premier jour, Monseigneur, » me répondit-il. Et, dans une autre circonstance, lorsque, à la prière des chrétiens, je lui offrais un poste qui me semblait devoir répugner à ses goûts, il m’écrivit ces mots, dignes d’un saint missionnaire : « Je fais tout par devoir, rien par plaisir, mais « tout avec plaisir. »

« La mort du bien regrettable M. Maistre, » écrivait de son côté M. Pourthié, « a été le grand accident de notre mission. Ce bon confrère, obligé de traverser un petit bras de mer, a attendu pendant quatre heures, les pieds dans la boue et par un froid terrible, qu’une barque chrétienne vînt le prendre ; cette embarcation arrivée, il dut encore passer quatre heures dans l’humidité. Aussi ne tarda-t-il pas à ressentir les premiers symptômes de la maladie qui nous l’a ravi.

« À part cet événement, il n’est rien arrivé d’extraordinaire ; le bon Dieu augmente toujours son petit troupeau de quelques additions annuelles, et sa souveraine Majesté a daigné nous favoriser de consolations assaisonnées, comme toujours, de tribulations et d’épreuves. Les unes comme les autres vous ont été décrites par des personnes plus compétentes que moi ; je m’abstiens donc d’entrer dans ces récits, et vais d’un autre bord.

« Me voici toujours enfoncé dans les montagnes centrales de la